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Je ne sais pas si ça existe encore mais, de mon temps, on échangeait des vignettes Panini pour essayer d’avoir le dernier remplaçant de l’équipe du FC Sochaux. Le but était juste d’avoir un album complet, avant la fin de la saison. Et les doubles finissait dans des boîtes à chaussures. Ensuite, il y avait eu la même chose mais sans album, genre tu peux toujours racheter des pochettes, tu sais jamais si t’as fini ou pas. Ca s’appelait Fantastickers ou quelque chose dans le genre.
Depuis, j’ai vaguement entendu parler des cartes Magic ou Pokemon, qui ont l’air encore plus élaborées puisque tu peux jouer à une variante du jeu des 7 familles avec, ce qui est un modèle marketing assez audacieux. J’imagine mal que la belote aurait eu un succès fou si on avait imaginé de vendre les jeux de 32 cartes dans des paquets de 5 regroupés au hasard. On mettra cela sur le compte des mystères de la nature humaine.
Je ne connaissais pas la dernière mode chez les jeunes générations : la collection de microbes. Le principe est assez simple, on pourrait même dire que c’est un jeu d’enfant. D’ailleurs, notre fille de 18 mois y réussit assez brillamment. Il faut juste être pourvu d’un système immunitaire à peu près inexistant, quelques globules blancs qui ont encore beaucoup à apprendre. Ensuite, il faut trouver un terrain d’échange, avec d’autres participants volontaires pour participer à l’élevage, le principe étant de réussir à élever son propre cheptel de bactéries et de virus sur base de ceux fournis par les autres. Pour que ça fonctionne bien, le mieux est de se trouver dans une communauté assez importante, comme une crèche par exemple, où les enfants pourront mettre les mêmes jouets à la bouche, se lécher les doigts, se faire des bisous, échanger leurs tétines et plus si affinité.
La collection personnelle s’étoffe alors rapidement, les super-pouvoirs se combinent, les points de force et de résistance se multiplient, et pas besoin de boîte à chaussure ou d’album. Il suffit de partager avec Papa et Maman, à l’occasion d’un câlin ou d’un mouchage. C’est sur ce terrain à la mesure de leurs possibilités que les résultats obtenus sont les plus étonnants : température qui fait du yo-yo, fatigue soudaine, sinus complètement bouchés, nez qui coule sans arrêt pendant une semaine - ou qui se bloque jusqu’à donner mal aux dents, mucosités qui prennent des teintes fluorescentes, impression d’avoir du fil de fer barbelé coincé dans la gorge, éruptions cutanées, conjonctivite, surinfections, éternuements en rafales, oreilles qui bourdonnent. Un coup Maman. Un coup Papa. On appelle cela l’effet « ping-pong ». Toutes les semaines c’est une nouvelle surprise. La collection automne – hiver a été assez réussie. On est pressés de découvrir la printemps – été.