En outre, l'approche homosexuelle permanente qui sous-tend le roman avait choqué l'Amérique puritaine, et attisé la colère juridique d'un pays toujours peu enclin à se regarder autre chose que le nombril. Mais qui sommes-nous pour juger ? Aujourd'hui que les hommages d'auteurs, de réalisateurs - Ah, Cronenberg... - se sont multipliés au fil du temps, il faut rappeler au lecteur que le livre avait subi le même outrage qu'en leur temps, Les fleurs du Mal de Baudelaire avaient subi.
Considéré comme obscène par le tribunal de Boston, Le Festin nu n'aura finalement fait qu'ouvrir une porte accédant directement à l'éclosion d'une littérature et de créations sexuellement explicites, comme l'on dit dans le jargon. La Beat génération, qui trouva sur sa route des Kerouac ou des Ginsberg avait également découvert un autre homme dont le livre entrerait directement dans le Panthéon des livres immortels. La lecture hier comme demain, se fera toujours en se demandant si la publication est récente, tant ce livre déjoue toute tentative de contextualisation.