Seul dans le noir
Paul Auster
Actes Sud, 2009
Et ce monde étrange continue de tourner.
"Seul dans le noir, je tourne et retourne le monde dans ma tête tout en m'efforçant de venir à bout d'une insomnie, une de plus, une nuit blanche de plus dans le
grand désert américain. A l'étage, ma fille et ma petite-fille sont endormies, seules, elles aussi, chacune dans sa chambre: Miriam, qui dort seule depuis cinq ans, et Katya, vingt-trois ans, la
fille unique de Miriam, qui a dormi quelque temps avec un jeune homme du nom de Titus Small mais Titus est mort et maintenant Katya dort seule avec son coeur brisé."
August Brill occupe ses insomnies en inventant des histoires. La sienne et l'imaginée s'entrecroisent, jusqu'à risquer ne plus en faire qu'une?
"Il existe plusieurs réalités. Il n'y a pas qu'un seul monde. Il y en a plusieurs, et ils existent tous parallèlement les une aux autres, (...) et chacun d'eux est rêvé ou imaginé ou écrit par un
habitant d'un autre monde. Chaque monde est la création d'un esprit."
Encore un roman de Paul Auster jubilatoire! Comme avec cet auteur j'y vais de confiance, je n'ai pas lu complètement la quatrième de couverture, et la découverte n'en a été que plus belle.
La création d'un monde fictif qui m'a rappelé l'histoire d'Anna Blume, l'interpénétration des histoires, les choix et la liberté d'un écrivain face aux directions possibles de sa fiction, les pages
absolument fascinantes où August Brill et sa petite fille décortiquent les chefs d'oeuvre du cinéma, le récit de la vie d'August et de sa femme, tout m'a plu. Sans oublier l'après 11 septembre 2001
et la guerre en Irak que Paul Auster ne peut évacuer de son histoire.
La seule petite déception, c'est la fin de l'histoire imaginée : un peu brusque et trop précoce dans le roman...
"Un livre vous oblige à échanger avec lui, à faire travailler votre intelligence et votre imagination."
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