Pendant des années, j'y ai vu comme un décalage. Certains de mes groupes préférés venaient du Québec - Montréal, donc - et tandis que les festivals et autres soirées spéciales dévolues à la Belle province se multipliaient, aucun d'entre eux n'y avait droit aux honneurs.
En gros, j'aimais Godspeed You Black Emperor! et on me servait Marcel Béliveau (ou Linda Lemay, je crois). Tout ça pour un problème de langue (même si dans le cas de GYBE!, la langue est coupée).
2009 sera-t-elle l'année de la réconciliation? Why not... Alors que Lhasa revient avec un album tout en anglais, me voilà séduit par deux albums québecois, en français dans le texte. Annoncés ici comme les Noir Désir québécois, là comme les Radiohead québécois, les Montréalais Karkwa tiennent tout de même plus des seconds que des premiers. Du moins sur leur troisième album, Le volume du vent, qui bénéficie notamment de la participation de Patrick Watson, nouvel homme fort de la Belle province (confirmation cette année avec un nouvel album et un passage sur celui de Lhasa).
Karkwa, donc, groupe de rock en français qui tresse des ambiances atmosphériques et composites, à l'électricité plus vibrantes qu'explosives, la production travaillée sans sombrer dans la grandiloquence ou la démonstration. Surtout, le groupe parvient à faire sonner la langue de Michel Sardou à la manière de celle de Thom Yorke. Le tout en jouant moins sur les mots et leur agencement que sur la diction. Mangées, murmurées, susurrées, les phrases de Louis-Jean Cormier se font musique plutôt que mots, titillant l'oreille par leur ambivalence phonique. (...)