Le mot de l'éditeur : "Le
jour où le balcon de sa maison s'écroule et manque de le tuer, Michael décide qu'il est temps de changer d'air. Sa femme Rebecca, une trentenaire névrosée et dépressive, est soulagée de le voir
partir une semaine avec leur fils de trois ans pour Egypt Farm. Michael va y retrouver les Hanbury, figures mythiques de sa jeunesse. Mais les fêtes d'hier sont terminées, et l'excentricité
bohème de la famille Hanbury a tourné au cauchemar. Autour de Paul, le patriarche malade, de sa nouvelle femme, Vivian, et de son fils, Adam, tout n'est plus que déception, échec et
renoncement. Rachel Cusk y fait déjà preuve d'un sens inné de la comédie humaine, avant Arlington Park, qui confirmera ses talents d'observatrice et son humour ravageur."
Michael, le narrateur, qui semble perpétuellement "à côté de ses pompes", se plaît dans la compagnie des gens extravertis et anticonformistes. Sa rencontre avec
une famille "bobo" avant la lettre va profondément le marquer. Par un beau soir d'été, son copain de fac Adam Hanbury l'invite à fêter les dix-huit ans de sa soeur Caris dans une
propriété campagnarde étrangement baptisée "Egypt farm".; domaine auquel on accède par une route "pareille à une phrase sans intérêt, décousue, échouant à transmettre une information ou à
seconclure de façon sensée". Lors de cette fête, Michael est subjugué aussi bien par la demeure familiale que par ceux qui y vivent : Paul, le père, Audrey, son ex-épouse, qui vit
dans les environs, mais semble considérer Egypt farm comme son second foyer, leurs enfants, Vivian, la seconde femme de Paul, et ses enfants d'un premier mariage, l' "oncle" David,
qui est hébergé par Audrey... Michael, séduit par le clan Hanbury, et tout particulièrement par la jeune Caris, s'adonne avec elle à un flirt sans lendemain, avant de faire l'objet des avances
déplacées d'Audrey - la mère de Caris...
A la suite de cette fête, Michael et Adam, leurs études achevées, se perdent de vue Ils ne se reverront qu'après plusieurs années. Michael a entretemps été happé par une autre famille,
tout aussi folklorique, dont il a épousé la fille, Rebecca - devenue, après quelques années, une femme amère, violente et accusatrice. Parce que l'atmosphère délétère de son foyer lui pèse,
Michael est trop heureux de renouer avec son ami Adam Hanbury, et accepte volontiers son invitation à le rejoindre à Egypt farm. Comme on pouvait s'y attendre, son retour vers un lieu qu'il a
idéalisé sera entaché de déceptions, et les retrouvailles avec le clan Hanbury sonneront le glas de ses illusions. Des vérités assez déplaisantes
pourraient bien lui être révélées; mais Michael ne s'était-il pas laissé volontairement abuser ? N'avait-il pas dès le départ pressenti le malaise au sein du clan Hanbury ?
Egypt farm est en quelque sorte un roman d'apprentissage désillusionné. Comment nous défaire de nos idées fausses, comment parvenir à une vérité, alors qu'il nous est finalement impossible de
faire la juste part entre la réalité et les représentations que nous en avons ? Et comment accéder à la
sincérité et à l'authenticité, lorsque les relations humaines et l'expression de soi paraissent à ce point entachées d'artifice ?
J'ai trouvé ce livre très intéressant, mais plutôt abrupt et déroutant. Il mériterait certainement une relecture, de par sa densité, mais aussi pour le simple plaisir des mots : le style, très
imagé, est un pur plaisir (bravo à Justine de Mazères pour la traduction !)
Rachel cusk est également l'auteur d' "Arlington Park"