Coutumes de Pâques en Roumanie

Publié le 19 avril 2009 par Maaxtal

C'est ce week end que la religion orthodoxe fête Paques ici,donc un bref recapitulatif de ce qu'il se passe ici,lors d'un week end Pascal,sans parler des animaux bien sûr,car cela ne fait pas partie de la religion.



La Transylvanie conserve des traditions inspirées de la mythologie populaire roumaine.
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La nuit de Pâques, l'ambiance est particulière dans le village.

La cérémonie fait partie des pratiques assurant la cohésion de l'ensemble de la communauté.

Les enfants sont toujours associés aux festivités et y tiennent un place importante. Dans une région située au carrefour d'influences culturelles
aussi diverses que la Transylvanie, il était à peu près impossible qu'à l'époque des fêtes, on n'assiste pas à l'expression de traditions originales, venues de la nuit des temps, lorsque la limite entre le sacré et le profane était encore extrêmement mince. De telles traditions se sont perpétuées tout au long des siècles et, quelle que soit leur origine, ont été adoptées par les chrétiens avec enthousiasme, qu'ils soient orthodoxes, grecs-catholiques, catholiques romains ou protestants.
Les femmes sont aspergées d'eau de Cologne tandis que les hommes sont récompensés par un œuf teint en rouge
' L'aspersion des femmes est une tradition spécifiquement transylvanienne. Issue d'une tradition païenne, forme de libation, cette pratique a été introduite en Ardeal dans les coutumes pascales par des colons magyars. Elle s'est implantée chez les croyants, sans distinction d'appartenance linguistique. Après la célébration de la nuit de la Résurrection qui se déroule à l'église dans une atmosphère calme et sereine, puis en famille autour d'une table chargée des mets traditionnels - brioche, jambon fumé, charcuteries fumées, viande d'agneau et bien sûr "palinca" (équivalent transylvanien de la tuica, eau-de-vie de prune se distinguant de cette dernière pas le haut degré d'alcool) - les famille se rendent à nouveau à l'église le dimanche pour la messe de midi.
Le lundi, deuxième jour de Pâques, est le jour de l'aspersion. Les jeunes en particulier, s'habillent en tenue de fête, se rassemblent et parcourent en bandes les ruelles du village à la recherche d'une belle qu'ils pourront arroser. Par le passé, les filles étaient aspergée d'eau. Il y a un siècle, on y ajoutait du savon parfumé, et, de nos jours, on utilise plutôt de l'eau de Cologne ou autres sprays parfumés.
Arrivés à la demeure de la dame de leur choix, les gars demandent respectueusement la permission de procéder à l'aspersion. L'autorisation reçue, ils déclament un poème dans lequel la maîtresse des lieux est le plus souvent comparée à une fleur (en principe une rose), éternellement jeune et fraîche. On en arrive inévitablement aux quelques strophes plus lestes, déclamées pour le plus grand amusement des hôtes. Après ce rituel, nos héroïnes voient leur tête aspergée d'eau de Cologne alors que les hommes reçoivent un œuf teint en rouge, quelques gâteaux et un verre de vin ou d'eau-de-vie. Pour l'occasion, on sort les plus belles tenues des armoires et, comme pour une soirée mondaine, on n'hésite pas à se servir de parfums de grand prix. L'évènement joue un rôle d'intégration sociale pour les plus jeunes et il n'est pas rare de voir des pères participer aux réjouissances avec leur fille qui n'ont pas encore l'âge de constituer une cible convenable pour les garçons.
Dans la vallée du Niraj (près de Tîrgu Mures), le voyageur remarquera un détail particulier : à de nombreuses portes sont accrochées des branches auxquelles on a suspendu des oeufs teints en rouge. Ceci est le signe d'une invitation : la maison abrite des filles en âge de se marier et les célibataires sont attendus pour la cérémonie de l'aspersion, prélude à une éventuelle idylle. Gare aux damoiseaux qui se détournent des maisons signalées de la sorte ! Le mardi, les filles délaissées se vengent. Elles guettent les insolents, et après les avoir coincé les aspergent copieusement d'eau glacée.
Cercle poétique à la taverne du village
' Le village de Petea du judet de Mures, petite localité cachée entre les collines arides de la plaine de Transylvanie, conserve une tradition de Pâques fort peu connue dont l'origine se perd dans la nuit des temps. Le dimanche soir, les garçons se réunissent à la taverne du village. L'objectif ne limite pas à boire un verre de "palinca", mais prend pour l'occasion une dimension créative et lyrique. Il s'agit d'écrire des poèmes. Durant l'année écoulée, les jeunes gars observent et notent avec attention tous les petits et gros écarts commis par les filles, soit que l'une d'elles est l'amoureuse d'un gars du groupe, soit que ce dernier semble n'avoir d'yeux que pour la belle. Pendant cette soirée-là, ils composent un groupe de poésie satirique, prenant pour cible toutes celles qui ont prêté le flanc à la critique. Bien entendu, durant ces moments-là, le bistrot n'est pas accessible à tout le monde...
Cérémonie d'acclamation pour les filles
' Le clocher et les abords de l'église de bois, véritable bijou architectural du XIXe siècle est le théâtre d'une bien curieuse coutume qui met en scène filles et garçons du village. Une fois les créations terminées, la joyeuse troupe se dirige vers la petite église de bois du village (un véritable bijou du XIXe siècle). Les filles se rassemblent par petits groupes de l'autre côté de la barrière et attendent le déroulement des événements avec une évidente curiosité. L'un après l'autre, les gars montent au clocher et y déclament à haute voix - ou plutôt, conformément à l'usage, hurlent à tout le village - chacun à son tour, son malicieux poème à l'adresse d'une des filles, dans l'hilarité générale. L'accomplissement de ce rituel est couronné comme il se doit par une fête endiablée. Et il n'est pas rare de voire se former quelques couples, qui, dans la tiédeur de la nuit printanière, finiront par goûter aux douceurs de l'amour.
Le deuxième jour, ces couples formés pour l'occasion se séparent. Mais pas n'importe comment. Le matin, la fille et le garçon se pré-sentent face à un responsable, et après lui avoir payé une bouteille de vin ou d'eau-de-vie, le prient de leur accorder le "divorce".
Ce moment est à nouveau le prétexte à quelque poème délirant, remarques ironiques ou hilarantes. A la suite de cela, le "chef" se laisse bien entendu amadouer et sépare "légalement" les deux tourtereaux dans une atmosphère de gaieté contagieuse.
Thérapie de Pâques
' Toujours dans la plaine de Transylvanie (plus précisément à Sinmartinu de Câmpie, à env. 40 km au nord-ouest de Tîrgu Mures), j'ai eu l'occasion de voir de curieuses croix de fumier appliquées sur les portes des étables. Celles-ci sont confectionnées le premier jour de Pâques et le plus souvent bénies par le prêtre. Selon la tradition locale, ces croix éloignent les maladies du bétail et favorisent à une production élevée de lait.
Ces croix ont aussi une autre signification : lorsque quelqu'un souffre d'une affection aux oreilles (en général une otite), on confectionne une sorte d'entonnoir de carton, on y place un morceau de la croix de fumier et on lui met le feu. Le malade approche son oreille de l'entonnoir de manière à ce que la fumée atteigne la zone infectée. Les autochtones sont convaincus que cela constitue un remède imparable, à une seule condition : que la croix soit fabriquée durant la période pascale.
Les nids garnis d'œufs
' Les fêtes de Pâques sont aussi une occasion de joie pour les petits. Dans la région de Secuime (située sur les judets de Covasna, Harghita et Mures), on perpétue une coutume exclusivement dédiée aux enfants. Le premier jour de Pâques, les grands confectionnent des nids à l'aide de branchages tressés et capitonnés de mousse, les garnissent d'oeufs teints en rouge et les cachent dans les recoins du jardin. Dans certains foyers, on place un lapereau blanc à côté de ces nids originaux. Les petits se lèvent à l'aube pour une véritable expédition à la recherche des oeufs rouges tant convoités. Les plus vifs, qui en trouvent le plus grand nombre, sont récompensés par des brioches, des gâteaux ou du chocolat. Mais le premier prix est un jeune lapin blanc avec un ruban rouge au cou, que l'enfant devra élever avec amour et qui ne sera jamais sacrifié.