Le WWF dénonce dans un rapport les dégâts collatéraux de la pêche
Plus de 40% des prises de pêche dans le monde sont involontaires, ce qui signifie qu’une énorme quantité d’animaux sont chaque année rejetés à la mer morts ou mourants et périssent pour rien. Telle est l’accusation portée par le Fonds mondial pour la nature (WWF) dans un gros rapport rendu public mercredi, «Defining and estimating global fisheries bycatch». Cette proportion représente quelque 38 millions de tonnes de poissons par an, une quantité bien supérieur à celles évoquées habituellement de 7 à 27 millions de tonnes.
Si le chiffre est nouveau, la pratique est bien connue. Elle a pour nom anglais «bycatch», expression qui se traduit en français par «prises accessoires». Prises accessoires qui concernent aussi bien, année après année, de nombreuses espèces de poissons (requins) que des reptiles (tortues), des oiseaux (albatros) et des mammifères (dauphins). Et c’est sans compter une multitude d’invertébrés et de coraux.
300 000 par année
Le rapport du WWF tente de chiffrer les pertes par espèce ou famille. Il estime ainsi à 300 000 les baleines, dauphins et marsouins mourant chaque année dans les filets de pêche sans avoir été visés, ce qui, selon l’organisation, fait des prises accessoires la première cause de mortalité des petits cétacés. Quelque 100 millions de requins, dont les requins blancs et les requins bleus en danger d’extinction, seraient chaque année tués par des pêcheurs, et bien souvent comme victimes collatérales de campagnes visant d’autres animaux. Plus de 250 000 tortues caouannes et tortues luths, deux espèces également en sursis, trouveraient la mort dans des filets. Enfin, 26 espèces d’oiseaux, dont 17 espèces d’albatros, risqueraient l’extinction en raison notamment de pratiques de capture aveugles.
Publicité OAS_AD('Middle1');«Peu d’industries toléreraient de tels niveaux de gaspillage et une gestion aussi peu durable d’une ressource naturelle, s’étonne le WWF. Alors que l’homme n’a jamais encore pêché d’aussi grosses quantités d’animaux marins dans son histoire, les prises accessoires, qui coûtent du temps et de l’argent, contribuent de manière significative au problème déjà sensible de la surpêche et menace revenus, emplois et sécurité alimentaire à venir.»
Le WWF assure qu’il existe des moyens de réduire substantiellement ces pertes. Il cite des moyens techniques comme des équipements de pêche plus sélectifs ou la présence d’observateurs sur les chalutiers. Et en appelle à développer la recherche sur la question.