Connaissez-vous Mario Armando Lavandeira Jr. alias Perez Hilton ? Si non, comme en témoigne la description de son blog (Celebrity gossip juicy celebrity rumors Hollywood gossip blog from Perez Hilton), Perez Hilton est l’homme des rumeurs hollywoodiennes et des potins. Son “jus pétillant de célébrités et pas si concentré” comme l’affirme également le fameux blog (sur fond rose) réunissant quotidiennement plusieurs milliers de visiteurs, existe à toutes les sauces et pour tous les goûts. Ainsi de Madonna à Paris Hilton en passant par Kanye West, Britney, Spears, Kylie Minogue, Kevin Federline ou encore… Carla Bruni et le “bling-bling-Sarko” comme il le nomme, l’américain de trente-et-un ans est devenu le blogueur le plus chevronné, mais surtout le plus célèbre des États-Unis voire du monde. Il s’en donne à cœur joie pour dénigrer sur le Web les plus grandes stars, sans le moindre remords ni la moindre éthique puisque ses propos vont souvent jusqu’au mépris gratuit. En 2007, il prétend aussi détenir des scoops, notamment sur les Pussycat Dolls et Anna Nicole Smith, ce qui lui vaudra une réputation mondiale.
Quoiqu’il en soit, l’actualité “perezhiltonnienne” est toujours assez spéciale : il insulte ou critique ouvertement les stars et dit détenir – parlons franc – de pseudo-scoops, fait des montages photo les plus basiques (cf son blog) et a une allure vraiment particulière. Mais cette originalité, ce look flashy à la coupe tantôt rasée, tantôt bleue, verte, rose ou violette, ces moqueries incessantes et ce charisme hors-norme l’auront rendu (très) CÉLÈBRE ! Il faut préciser que Perez a une certaine haine, une aversion pour ces stars, hommes et femmes, pour ces divas. Leur vie se résume à la gloire, aux potins, à l’argent, aux paparazzi… La presse people, on aime ou on n’aime pas. Perez Hilton devait donc la détester, dans un premier temps du moins (bien que, antiphrase certaine, jalousie ou paradoxe, la première description de son blog fut “parce que j’adore la vie des stars”). Car à l’instar d’un Daniel Cohn-Bendit proclamant en Mai 68 “élections, piège à cons” et devenu ensuite député du parlement européen, Perez Hilton jouit aujourd’hui de la célébrité et de la richesse : les plus grandes stars s’entichent de lui, le rencontrent devant les caméras pour deviser avec lui et, sacré boomerang, la star, désormais, c’est lui ! S’afficher publiquement en sa compagnie offre aux (autres) “stars” une incroyable publicité… Il a sa propre ligne de vêtements, sa propre émission de télévision, sa page Wikipédia dans une dizaine de langues, ses pages Facebook, MySpace et Twitter VIP, et surtout ses propres millions de fans ! Revers de la médaille, des blogs criticisism se déchaînent contre lui sur Internet, et sans ambage : “C’est un secret de Polichinelle, contrairement à ce qu’elle veut faire croire, la langue de pute obèse la plus célèbre du monde ne poste pas ou plus ses gossips en direct de son coffee shop, où elle passerait ses journées avec son ordi; maintenant il est trop occupé à la fortune”. Tandis que d’autres blogueurs l’adulent! L’incroyable, c’est que Perez n’est pas seulement un simple effet de mode, mais un phénomène outre-Atlantique. Il y a aussi des blogs entiers consacrés à sa critique ou à son éloge, parfois entièrement créés sur le thème “il faut arrêter Perez Hilton”. Si ce n’est pas déjà la célébrité, ça y ressemble fort… En fait, il était exclu pour certains de le nommer top celebrity gossip of 2008, titre prestigieux qu’il a bien failli recevoir ! Et si l’idée vous venait d’acheter un espace publicitaire sur son site, il vous faudrait débourser 50000 dollars par semaine !
Mais qu’en pense Perez ? “J’ai contribué, dit-il, à changer la façon dont les gens consomment les informations sur les célébrités. Ils ne veulent pas attendre le prochain numéro des magazines. Ils les veulent dès que ça se passe, et je les leur apporte”.
Ses frasques lui ont certes attiré quelques ennuis, surtout de la part des propriétaires des photos qu’il montre sur son site sans autorisation. Mais “C’est mon avocat qui s’en charge”, affirme-t-il, éludant la question avec bonne humeur : “La seule chose qui me fait peur, c’est la mort. On peut me traiter de gros, de moche, d’homosexuel, de pas drôle, mais je refuse d’être traité de menteur”, affirme-t-il.
En tout cas, “sale langue”, “grande gueule”, ou jeux de mots sur “réputation”, les critiques fusent du côté de celui qu’il était avant : un critique comme eux ! Mais c’est néanmoins ce qu’on appelle une sacrée récupération et une sacrée réussite ! La presse belge va jusqu’à titrer ici par un oxymoron : “Perez Hilton, le blogueur de mauvais goût que Hollywood adore détester”. Il est réellement le géant du buzz et une recherche Google sur sa personne, ne serait-ce uniquement que dans les pages francophones, vous donnera plusieurs millions de résultats ! À propos, comment l’ai-je connu ? À la télévision bien sûr, dans un reportage de M6 qui lui était consacré. En attendant People TV ou Closer ! Alors, pour ce merveilleux paradoxe du critique critiqué, du marginal récupéré, du pauvre enrichi… un peu de respect pour cette grande star montante des États-Unis !
Alexandre Cohen
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