CONGO
Editions Serpent à plumes, 1996
Exilé depuis bien longtemps aux Etats-Unis où il enseigne la littérature africaine francophone (et la chimie !), Emmanuel Dongala est l'une des grandes voix de la
littérature africaine, il a quitté son pays, Le Congo, au moment de la guerre civile dans les années 90.
Ses textes examinent, non sans humour noir, la situation politique délicate de son pays.
Dans ce recueil de nouvelles, il revisite l'arrivée du communisme en Afrique, en lutte avec les traditions animistes et fétichistes de l'Afrique. Cela donne des récits très drôles où des membres
de l'élite locale, convertis au communisme souvent par opportunisme, sont bien vite rattrapés par la sorcellerie, comme ce chef de parti qui se retrouve poursuivi par son oncle devenu hibou ! Car
les traditions magiques ont la dent dure...Avec ces nouvelles très ironiques, Dongala dénonce les pratiques du communisme qui ont nié toute culture locale, l'ont éradiqué à coup de bâtons et de
pistolets.
La palme de l'humour revient sans aucun doute à ce gardien d'usine qui, par ambition, se convertit au communisme sans rien y comprendre. Il se met à apprendre pare coeur tout la logorrhée du
centralisme démocratique en y perdant bien souvent les pédales ! Mais qu'est-ce qu'être rouge, au fait ? S'habiller en rouge ! Peindre sa bicyclette en rouge !
Derrière cette critique acerbe, on sent tout l'amour de Dongala pour la culture africaine. La nouvelle qui a donné le titre au recueil est irrésistible ! Des extraterrestres débarquant à
Brazzaville ne s'apprivoisent qu'avec du jazz et du vin de palme !
Enfin, il y a cet hommage émouvant à JC, autrement dit John Coltrane....
Un recueil sans prétention, entre humour et révolte, qui revient sur un épisode peu connu de l'histoire africaine.