François tend la main à François et fait la une des journaux. Alors que la crise continue à nous entraîner dans les abîmes profonds du mal-être, Hollande et Bayrou font de la stratégie politicienne ... et réussissent un joli coup.
Cela pourrait être un non-événement mais cette petite pique à destination de la belle Ségolène semble trouver sa place dans les médias en ces temps qui ne manquent pourtant pas de piment. Il doit donc bien y avoir une raison. Et cette raison vient peut-être justement de la crise.
Comme toutes les populations du monde, les français sont inquiets. Comprennent que la société qu'ils ont connue est en train de changer mais ne savent pas dans quel sens.
De leur côté, les hommes politiques ont également peur. Le vent tourne mais soufflera-t-il vers eux? La présidentielle 2012 n'est finalement pas si loin puisque le quinquennat a apporté l'élection permanente. Alors chacun se positionne.
Sarkozy semble fatigué et perd de son aura. Il est toujours plus facile d'être adulé quand on ne fait rien qu'aimé quand on est au pouvoir. Redevenu la personnalité politique préférée des français, Chirac en sait quelque chose. Mais au-delà de l'usure, Sarkozy montre aussi ses limites. Celle d'un homme qui a le souci "80's" de l'effort et du travail dont l'unique récompense serait pécuniaire. Celle d'un dirigeant autoritaire qui est parfois plus star que guide. Celle d'un conservateur bon teint qui se divertit dans un luxe décomplexé. Celle d'un excellent tacticien qui en oublie parfois l'objectif de bien commun.
En cette période de crise, certains opportunistes se disent donc qu'il y a une place entre une gauche révolutionnaire un peu ringarde et une droite libérale un poil passée et dépassée par la crise financière. Hollande, Bayrou, Valls, Moscovici, Peillon, Strauss-Kahn, Juppé, la liste est longue de ceux qui veulent prendre le centre. Mais leurs discours manquent de clareté et restent trop souvent démagogiques.
Droite, gauche, centre, attention surtout au vide. Les remarques de Juppé sur le pape, l'opposition systématique de Bayrou, le croc-en-jambe de Valls à Royal, l'autosatisfaction de Moscovici, le néant de propositions de Peillon, la lointaine hauteur américaine de Strauss-Kahn sont autant de signes d'une totale incompréhension des réels besoins d'une société perdue.
Le moment est venu de changer de société.
La crise économique a démontrée que l'usage de la morale avait son utilité. Le démon de l'argent a mis à terre une société de drogués. "Mon anneau", crie Gollum dans le Seigneur des Anneaux. Nous avons tous été des Gollum et, piégés par cette fascination de l'anneau, nous avons amassé, joué, spéculé. Et patatras, le voile noir de Mordor s'est abattu sur nous. Il faut donc maintenant reconstruire notre société avec de la morale. L'Eglise a développé depuis plus de 100 ans une Doctrine Sociale qu'il faut reconsidérer avec un oeil curieux.
Les crises politiques et géo-politiques nous font comprendre un peu plus la beauté de la liberté. La beauté de cette liberté de croire ou de ne pas croire que nous a offerte Dieu dans la Genèse avec l'arbre de la connaissance et qu'il a confirmée en envoyant son fils Jésus non comme un roi que tout le monde verrait mais comme un pauvre que chacun peut voir s'il le veut. La beauté de la liberté de pensée et d'expression que certains ne connaissent pas et que nous voyons en France tous les jours dans la rue, sur des blogs, dans les médias. La beauté de la liberté d'entreprendre, d'innover si importante pour notre développement qui devrait être encouragée.
La crise sociale illustrait encore récemment que la liberté ne peut pas aller sans la responsabilité. Etre mécontents, en vouloir plus, crier parfois, c'est bien; mais séquestrer les patrons, couper le courant, ça l'est moins. En géopolitique, Gene Sharp appelle ces méthodes une "guerre civilisée" et les recommande pour lutter contre des dictatures honteuses. Nous n'en sommes pas là. C'est cette même absence de responsabilité qu'oublient ces médias qui poussent des adolescents à une consommation sexuelle absurde; c'est toujours cette absence de responsabilité qui conduisent des parents à laisser faire leurs enfants, des internautes à rendre gratuit le travail d'autrui, des dilletantes à réclamer l'assiette du voisin. Or une société de liberté ne peut pas se construire efficacement si l'Homme libre est irresponsable.
Enfin, chaque crise nous pousse à faire le constat que l'important est la charité. L'Amour qui partage. L'Amour qui écoute. L'Amour qui se soucie de l'Autre. Une bulle financière vient toujours d'un aveuglement et d'un égoisme où le bien commun n'a plus sa place. Une guerre vient toujours d'une peur de l'autre, d'un individualisme méprisant, d'un leader fanatique et égocentrique ou d'un fondamentalisme liberticide et "amouricide". Une crise sociale vient toujours de cet oubli que certaines personnes n'ont pas les capacités physiques ou psychologiques pour assumer leur liberté et qu'elles doivent donc être aidées.
Ainsi, une politique qui aurait une base morale réelle et s'appuirait sur ces notions fondamentales de liberté, responsabilité et charité prend tout son sens sous l'éclairage brûlant d'une actualité complexe.
Car pour que chacun puisse aller au bout de sa vocation, œuvrer avec toutes ses compétences dans un double intérêt particulier et général , suivre son chemin d'espérance en trouvant sa place et sa vocation, il faut un terreau fertile.
TF1 annonce pour 2011-2012, la suite des Mystérieuses Cités d'Or qui ont bercé l'enfance de beaucoup d'entre nous. 3 enfants et un conquistador solitaire partaient dans les années 80 à la recherche d'un monde merveilleux construit avec de l'or. C'était l'ère de l'argent-roi, du fantasme décrit plus haut que nous ne voulons plus. Espérons donc qu'à cette date, la cité dont nous rêverons sera une cité d'amour. Une "société de vocation" où chacun pourra mettre à profit les talents de la parabole. Pas d'hypnotiques talents en or, mais de généreux talents en âme.