Le leader socialiste fait les comptes. Une nouvelle majorité nationale de Gouvernement passe par un accord incontournable avec le Modem.
Le Modem et le PS multiplient les combats communs et pourtant ils vivent sur le perpétuel "qui se reniera le premier".
Leurs combats communs : tous les arguments critiques contre l'actuel pouvoir.
Critiques contre les méthodes d'un pouvoir qui concentrerait excessivement l'autorité. Qui succomberait en permanence à une confusion des genres avec le monde du spectacle comme celui des affaires.
Mais une séparation toujours forte qui peut se résumer en une seule question "qui se reniera le premier pour pouvoir retrouver l'autre ?".
Qu'est ce qui peut précipiter le reniement et existe-t-il une pré-destination ?
Avant même de passer par cette étape du reniement de l'un ou de l'autre, voire des deux, on assiste à une indiscutable banalisation de la rencontre entre le Modem et le PS.
La démocratie repose sur un système fort de convictions ; donc elle laisse une place forte au sacré et au solennel.
Ce sacré qui passait par la séparation irréductible entre le Modem et le PS n'existe plus.
Il existait encore au lendemain du 1er tour de la présidentielle 2007.
Mais aujourd'hui, c'est fini. Les élections locales sont passées par là.
Chacun perçoit bien que l'on est maintenant dans le domaine des modalités de l'union et non plus au stade de l'hypothèse même.
La rencontre entre le Modem et le PS est inscrite dans la sociologie nouvelle de ces deux partis qui réunissent les chics des classes dirigeantes.
Le concept de l'union de la gauche est épuisé. Sociologiquement, ce concept vise à rassembler des univers qui ne sont plus conciliables du fait notamment de l'embourgeoisement du PS.
Les thèses de l'union de la gauche n'apportent plus de réponse aux préoccupations des classes dirigeantes du PS.
Certes, il reste des mots, des symboles mais bien peu d'idées à partager.
Les intellectuels, les enseignants, les cadres qui fourmillent au PS définissent des solutions qui sont difficilement acceptables par les militants du PCF comme par une partie radicale des Verts.
En revanche, sur beaucoup de domaines, l'analyse rejoint celle du Modem.
Sur l'Europe, l'enseignement, la santé, la justice … les analyses et les recommandations sont maintenant conciliables.
Progressivement, un programme social-démocrate est apparu sans équivoque composé de :
- un Etat interventionniste,
- un contrôle administratif fort,
- la libération des moeurs,
- la laïcité des services publics,
- la redistribution des richesses par un impôt progressif fort et par l'existence d'un dispositif social public.
Le jeu du meccano politique est ouvert pour finaliser cette nouvelle union sur le plan national.
Face à elle, se trouveront deux courants. Un autre courant de Gouvernement incarnant une approche libérale qui doit concilier des intellectuels de droite respectueux du marché avec une partie de citoyens populistes toujours nostalgiques de l'Etat.
En marge de ces deux courants de Gouvernement, figureront deux composantes purement protestataires : l'une d'extrême gauche et l'autre d'extrême droite.
Selon leurs poids, leurs mobilisations, ce seront peut-être ces composantes qui feront la différence.
Si ce mouvement se confirme, c'est un futur qui ne nous renvoie plus aux fondements de la Vème République mais qui nous en éloigne considérablement.