En imposant par la force et le bourage des urnes Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'Etat, et pour la troisième fois consécutive, le pouvoir militaro - politique d'Alger a réussi la maintenance sur orbite d'un système vieux de 47 ans. Pour gagner le pari de mettre, à chaque fois, l'homme qu'il leur faut, les vautours d'Algérie usent d'une recette axée sur des procédés mariant des methodes staliniennes et des stratègies maffieuses.
La repression
Pour assoir sa mainmise, le pouvoir militaro - politique commence par un coup de force dont le cycle a pris l'elan, en 1957, en pleine guerre de libération, avec l'assassinat de Abane Ramdane , architecte de la révolution, principal animateur du congrès de la Soumam et farouche defenseur du principe de la primauté du civil sur le militaire dans ses projections du futur Etat algérien indépendant. Le coup de force sera caractérisé ensuite par une série de coups d'Etat, tantot brutaux, tantot blancs, d'assassinats d'hommes historiques osant défier l'ordre établi à l'instar de Mohamed Khmisti, Krim Belkacem, Mohamed Khider, Said Abid, Chabani, Mohamed Boudiaf...etc, sans compter les miliers de militants du FFS en 1963, la repression sanglante de toute voix discordante( les évenements du printemps berbere en 1980 et du printemps noir de 2001 en Kabylie où pas moins de 126 jeunes froidement assassinés par la gendarmerie nationale, les événements de constantine en 1983, ceux de la Casbah en 1986, ceux d'Oran en 1986, ceux, d'une rare férocité, de Ghardaia en juin 1985 ...), l'emprisonnement et la torture d'hommes de droits de l'homme comme se fut le cas lors des divers évenements de Kabylie ou des évenéments d'Octobre 1988.
L'intox
Quand la repression ne paie plus, le système militaro - politique use et abuse d'une politique d'intox infernale. Ainsi, le pouvoir Algérien distille dans les régions arabophones, à chaque début de mouvement de contestation en kabylie, les folles et invraisemblables rumeurs, selon lesquelles les kabyles incendient le Coran et reclament une scission. Biensur, l'Etat prend le soin de boucler tout le territoire rebelle pour ne rien laisser filtrer et s'acharne à étouffer les revendications à coups de matraques , de balles et simulations de noyade. Ayant compris très tot le caractère rétif de la Kabylie, le pouvoir s'emploie à faire de l'anti-kabylisme une stratègie de communication et un alibi de maintien au pouvoir.
Le vérouillage médiatique
Lors du regne du parti unique , le pouvoir controlait toutes les lignes éditoriales et les comités de censure étaient jusqu'aux portes de ports et d'aéroports. Tous les murs semblaient avoir les oreilles des Services. Après le lefting pseudo - démocratique , le paysage médiatique a connu une mini révolution dans le domaine de la presse écrite mais , dans l'audiovisuel les choses n'ont pas bougé d'un pion. Les JT sont toujours des voix de propagande du sytème. Seuls les journaux privés nés dans la parenthèse 1988 - 1992 bénéficient d'une certaine liberté de temps mais ce luxe a malheureusement un prix fort. Les journalistes sont des abonnés permanents des tribunaux et les fragiles entreprises de presse sont souvent soumises au dictat des imprimeurs et du fisc. Après le coup dur asséné au journal Le Matin , la tendance va malheureusement, et de plus en plus, à l'auto- censure.
Le vérouillage politique
Incapable d'endiguer le cycle des échecs économiques et sociaux, le pouvoir fait dans le verrouillage politique. Il maintient l'Etat d'urgence, decrété au début 1992, interdit les marches de contestations pacifiques à Alger, multiplie les embuches pour toute activité politique des partis agréés, refuse d'agréer des partis politiques légitimement créés, fait chanter les associations et les acteurs de la société civile ...
la fraude électorale
Pour légitimer leur maintien au pouvoir,le pouvoir militaro - politique nous désigne un candidat et le légitime par le recours à des élections truquées et entachées de fraudes massives. Idem pour les élections locales et parlementaires, où des quotas semblent répartis d'avance faisant briller une vitrine de démocratie pourtant de façade.
Le chantage
Faisant vivre aux populations rurales une décénie noire , faite d'assassinats collectifs, de viols, de rapts et d'exirpations de fonds, le pouvoir militaro - politique algérien fait dans le chantage en envoyant chez eux des commis de l'Etat, des reponsables militaires locaux et des clients avérés du régime leurs expliquer que la fragile paix revenue est dûe à la continuité du système et qu'un changement de régime est porteur de risques pour leur vie. Come quoi, la survie des populations martyrisées est à l'ombre de la casquette et des rangers.
La corruption
Riche de sa mainmise sur les recettes des hydrocarbures, le pouvoir corrompt un bon nombre de personnes . Les sommes colossales déboursées lors des dernières élections présidentielles pour acheter des voix renseignent amplement du degré d'engagement du système sur cette voie dangeureuse. Même les entreprises privées n'ont pas échappé à l'effort de sape politique. Pressées par le régime, sous menace de représailles , les patrons n'ont pas trouvé mieux que mettre la main à la poche pour contribuer à cette entreprise de pacification sans précédent.
Moussa Tertag