Un billet par jour d'ici au 28 avril, cela fera 11 occasions, et bonnes raisons de parler du Web. C'est à la fois peu et beaucoup. Je me demandais hier par où commencer - vu la taille du sujet! - pour tenter d'expliquer la rupture qu'il représente.
Et puis, je me suis arrêtée sur les mots temps et espace. Voilà deux notions qui représentent un vrai changement dans la société.
Temps: rien que dans le cadre de ma propre vie sur une période très courte - 30 ans - j'ai d'abord écrit des lettres destinées à une personne à la fois, qui mettaient, disons, deux ou trois jours à parvenir à leur destinataire, et il me fallait attendre encore deux ou trois jours pour recevoir la réponse - en imaginant qu'elle soit "immédiate" (et je n'évoque même pas l'époque où les cavaliers de Gengis Khan parcouraient la Mongolie à cheval pour porter les courriers, ou celle du 16è siècle ou certaines lettres mettaient 7 ou 8 ans à parvenir à un - hypothétique - destinataire!).
Ensuite, j'ai utilisé les e-mails courriels (courriers électroniques), d'abord professionnellement, puis à titre personnel. Réponse possiblement immédiate. Et possibilité d'envoyer un message, ou des nouvelles - et des photos, textes, etc - à plusieurs personnes simultanément. Ceci c'est Internet qui le permet dans un premier temps. Inventé pour pouvoir relier et transporter des données à partager dans un langage commun entre machines.
Aujourd'hui, si j'utilise Twitter j'envoie de l'information (au sens premier) et des contenus de diverses natures à - potentiellement - plusieurs centaines de personnes. Ceci c'est le Web qui le permet, et le Web dit 2.0, la version qui permet aux utilisateurs d'échanger et de collaborer sans même se soucier de la technique utilisée.
Espace: le Web est un espace à part entière. Une dimension nouvelle. Il permet aussi d'abolir les frontières géographiques (pas toutes). Instantanément aujourd'hui, je lis et communique avec des personnes de nationalités différentes. J'ai donc un accès rapide et simple à d'autres formes d'esprit et de raisonnements. D'autres cultures. A conditions de maîtriser au moins l'anglais, c'est sûr.
On peut s'interroger sur le bien fondé de tout cela (les sociologues je l'espère s'y intéresseront) et il y aurait beaucoup à dire, mais le fait est que c'est une réalité.
Dans le domaine qui est le sujet de ces billets, les œuvres (d'artistes, d'auteurs) autrefois exposées dans des musées ou sur des supports uniques, sériés, sont maintenant accessibles différemment. Le droit d'auteur (en France) qui avait bien-sûr commencé à s'adapter à des diffusions multiples (multidiffusions télévisées, VHS, DVD, VOD, pour ne citer que l'audiovisuel) se retrouve face au même paradoxe. Il doit s'adapter.
Pour moi, c'est un peu comme de penser que les relations familiales d'aujourd'hui, par exemple, sont encore régies par le Code civil voulu et conçu à l'époque de Napoléon! Heureusement qu'une réforme a été - enfin - entreprise! Le parallèle est limite, je vous le concède, mais quand même.
Pour finir, une petite citation:
Internet est un paradoxe...Personne n'a vraiment décidé de doter l'humanité d'un système universel permettant d'échanger à bas prix données, voix, sons, images fixes et animées. plus encore personne n'avait vu que de cette technique austère d'échange entre ordinateurs allait, par la magie d'un simple navigateur et d'une liaison téléphonique, naître un système qui allait conquérir en quelques années la planète entière et en bouleverser l'économie et la culture. Jean-Pierre Corniou - "Le Web, 15 ans déjà...et après" (Dunod, 2009).
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