Un homme sourd mange tranquillement son sandwich dans le musée du Louvre, en attendant quelqu'un pour un stage, lorsqu'un gardien le réprimande. Alors que ce dernier s'offense de sa conduite auprès de ses collègues, il est interpellé par un gardien de nuit, sourd lui aussi, et même un peu fou semble-t-il, qui lui propose un rendez-vous le soir-même pour le seconder. A l'heure dite, il découvre le musée du Louvre sous un tout autre jour, ou plutôt sous une toute autre présence, qui s'éveille au son d'instruments de musique...
Eric Libergé, je l'ai rencontré pour la première fois, je m'en souviens très bien, en automne 2000, au Festival de la BD de Blois. C'était alors un parfait inconnu. Personne ou presque n'attendait à son stand, et son petit éditeur (les éditions Pointe Noire) le portait à bout de bras pour faire connaître son talent. J'étais alors repartie avec trois BD de lui, les seules d'ailleurs achetées ce jour-là, les deux premiers tomes de Mardi-Gras Descendres, avec sa belle palette de gris, noir et blanc, et son éventail de squelettes tous plus différents les uns que les autres, croqués avec beaucoup d'humour noir, et une autre, Le Dernier Marduk, format comic, en couleurs, plus violentes. Intriguée à l'achat, ravie des magnifiques planches qu'il m'avait dédicacées, je fut totalement conquise à leur lecture, et commençais à suivre "l'ascension" de l'auteur, les deux tomes suivants de Mardi-Gras Descendres, son départ vers les éditions Dupuis peu après avoir reçu le Prix Goscinny, et le voilà avec un tout autre coup de crayon, toujours aussi doué, et sur deux tout autres thèmes, a priori totalement étrangers l'un à l'autre, mais réunis dans une même histoire qui reste dans la veine fantastique : l'insertion des handicapés dans la société, et l'animation aux heures impaires de la nuit des oeuvres d'art du Louvre. Certes, le sujet aurait mérité d'être développé, quelques oeuvres plus approchées, mais le résultat reste infiniment séduisant.