Une jeune femme retrouvée étranglée dans un véhicule, un jeune homme retrouvé étouffé dans une maison abandonnée, un cadre asphyxié au gaz carbonique dans son garage, un vieil homme tué par l’explosion d’une bombe artisanale, un professeur d’université écrasé par une statue, un vieillard allergique à la pénicilline qui meurt par empoisonnement, ou un millionaire antipathique tué d’une balle entre les deux yeux. A priori, rien ne saurait relier ces sept crimes.
Mais il existe pourtant un point commun: chaque histoire met en scène un rabbin peu ordinaire, David Small, dont la vista intellectuelle permettra d’aider l’inspecteur Hugh Lannigan à résoudre l’énigme et à identifier l’assassin, en innocentant à chaque fois quelques coupables présumés.
Les fans du héros de Harry Kemelman auront bien entendu tout de suite reconnu le fameux rabbin de Barnard’s Crossing. Les sept premières aventures du sympathique détective se lisent comme un verre d’orgeat, dans deux ouvrages parus aux éditions La Découverte, La semaine du rabbin (tomes 1 et 2). Semaine, car Kemelman, en bon marketeur, eut l’ingénieuse idée de donner un titre assez étonnant à chaque volet. Cela donne ainsi: Friday, the Rabbi selpt late, Saturday, the Rabbi went hungry, etc. Au total, sept romans, plus cinq autres construits sur une logique différente. Et même, selon l’article Wikipedia consacré à Kemelman, une série TV dont 4 épisodes furent diffusés (qui sait où se les procurer?).
Au-delà de l’aspect purement policier, assez proche de l’univers d’un Hercule Poirot, on appréciera les différentes aventures du Rabbin Small par la description assez réaliste de l’évolution de cette middle-class du nord-est des Etats-Unis, entre la fin des années 1960 et le début des années 80. Une petite ville cotière comme il en existe des dizaines d’autres à quelques kms de Boston, où les différentes communautés cohabitent, où les petites rancoeurs et les jalouseries exacerbées finissent par tuer, où l’apparition de la drogue, des hippies ou du Women’s Lib ont profondément modifié les moeurs, sans altérer l’idéal de société.
Enfin, pour ceux qui s’intéressent à l’univers juif de la fin du XXe siècle, Kemelman brosse un portrait tout aussi réaliste des relations qui existent au sein d’une petite communauté , entre le rabbin, le président de la communauté, les fidèles. Les luttes de pouvoir, les objectifs qui divergent, la lente évolution d’un judaïsme conservateur vers une forme plus libérale, tout y est, finement décrit. Inutile de préciser que de telles situations se retrouvent dans à peu près toutes les communautés…
Bref, pour tous ceux qui cherchent 1500 pages à lire ces temps-ci, voici un coffret à se procurer sans plus attendre.
PS: Je me demande pourquoi l’éditeur a choisi une photo de rabbin orthodoxe pour illustrer cet ouvrage, alors qu’il s’agit d’une communauté conservative, et d’un rabbin non barbu, assez éloigné physiquement (et fort probablement d’un point de vue intellectuel) de la personne figurant sur la couverture. Comme quoi, les éditeurs ne lisent peut-être pas les livres qu’ils impriment…
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