Magazine Cinéma
Qui aurait pu penser que le réalisateur du terrifiant Silence des Agneaux puisse un jour nous livrer l’un des films les plus touchants de l’année avec Rachel se Marie ? Qui aurait pu penser que l’actrice révélée par le léger Princesse Malgré Elle puisse un jour livrer une performance digne des plus grandes comédiennes ? Pas grand monde, et pourtant le dernier film de Jonathan Demme permet à Anne Hathaway de confirmer son talent et de prouver qu’elle n’est pas qu’un phénomène éphémère. Kym est une jeune ex-junkie qui sort de cure de désintoxication, juste à temps pour plomber l’ambiance du mariage de sa sœur, la Rachel du titre. Au delà des apparences, la famille des deux femmes est gangrenée par un lourd passé et des non-dits sont dits à l’occasion de ces retrouvailles. Filmé avec une caméra à l’épaule et au plus près des personnages, le film peut donner mal à la tête à force de trop bouger (surtout dans la scène dans la voiture au début). Mais c’est un détail mineur face à l’intimité et à la proximité que ce choix artistique apporte.
Le rythme est lent mais on ne s’ennuie pas pour autant. Le spectateur est invité à être le témoin privilégié des préparatifs, des retrouvailles et du mariage et tout est admirablement fluide et plaisant. Le scénario aborde des thèmes forts toujours avec justesse et on ne regrettera que quelques scènes qui s’éternisent dans la dernière partie. Les dialogues sont naturels et sont sublimés par le jeu impeccable du casting. Anne Hathaway physiquement pas à son avantage, livre une performance géniale. Sensible, émouvante et pourtant pas du tout larmoyante, elle irradie l’écran de sa présence. Face à elle, Rosemarie Dewitt fait une sœur désemparée et tiraillée entre amour et haine parfait. Du père protecteur à la mère culpabilisante en passant par le mari discret, l’ensemble de la distribution est de toute façon irréprochable. Rachel se marie est une invitation à regarder un film de famille passionnant, parfois drôle et souvent touchant.