Auteur : Peter Straub
Titre original : In The Night Room
1ère édition : 2005
Nb de pages : 312
Lu : avril 2009
Ma note:
Résumé
Le spécialiste du suspense Peter Straub revient avec un roman inquiétant où l’existence de tous les personnages est remise en question. L’auteur Timothy Underhill travaille à l’écriture de son nouveau roman. Il tente d’oublier les démons personnels qui l’assaillent. En particulier, le fantôme de sa petite sœur April le hante. Quant à Willy Patrick, auteur renommé de livres pour enfants, dont le célèbre Cabinet noir, elle vit dans le plus parfait égarement. Elle est irrésistiblement attirée sur le parking d’un immeuble où elle croit que sa fille est retenue de force. Or sa fille est morte… Aussi, quand Willy et Tim se rencontrent, une évidence s’impose : ils doivent unir leurs forces pour combattre les démons qui les habitent. Willy est-elle bien réelle ? Ou bien n’est-elle que le fruit de l’imagination de Tim ? Timothy peut-il tomber amoureux d’une femme qui n’est autre que l’héroïne de son livre ? Tient-il encore les rênes de l’histoire qu’il écrit ou l’a-t-elle dépassé ? Dans une fascinante réflexion sur les pouvoirs de l’imagination, Peter Straub prouve encore une fois qu’il est le maître incontesté du polar fantastique.
Mon avis
Voilà deux ans que je n’avais pas lu Straub, et quelles retrouvailles ! Peu avant la création de ce blog j’avais englouti la trilogie Blue Rose et quelques autres romans du zigoto, et son talent de narrateur ainsi que son imagination demeurent éblouissants d’efficacité. Le Cabinet noir est directement lié à son précédent roman, Les enfants perdus, mais on pourra lire celui-ci indépendamment, même si l’idéal pour s’imprégner de l’univers de Straub est de les lire dans l’ordre, de la même manière que Blue Rose, composé de 3 romans et histoires différents et qui gagnent à être lus à la suite, tant les connections a priori invisibles se révèlent au fur et à mesure de la lecture.
Donc, dès les départ Straub, fidèle à son habitude, prend son temps (mais juste ce qu’il faut) pour nous mettre en situation. Présentation des personnages, lesquels s’avèrent comme toujours très approfondis et attachants, troublants de réalisme. Straub s’amuse à prêter à son héros, le romancier récurrent Tim Underhill, certaines de ses propres caractéristiques. Ce dernier joue aussi avec ces dédoublement avec l’héroïne du roman qu’il est en train d’écrire. Déjà à ce niveau-là on devine que Straub va s’en donner à cœur joie et nous balader entre fiction, réalité, imaginaire, et fantasmes. Et je dois dire qu’en y repensant les bras m’en tombent, l’intrigue est franchement tordue, on vire assez vite dans le fantastique, sauf qu’avec Straub on a toujours une dimension réaliste et des personnages tellement cohérents que l’association de tout ça donne le frisson de plaisir intense et exacerbé lorsque la fiction rencontre littéralement la réalité. On n’aurait pas pu faire plus basique et caricatural. Et pourtant, ça marche, pour les raisons que je viens d’évoquer. L’écriture de Straub est en outre très fine et subtile, il ne fait pas dans la facilité, même si dans mes souvenirs la trilogie Blue Rose me semble bien plus touffue et complexe, il reste un auteur très littéraire et profond. Les dialogues sont particulièrement justes. Il n’est pas seulement un excellent conteur d’histoire fantastique ou d’horreur, c’est aussi un vrai écrivain qui balade son lecteur au fil d’une prose vraiment enivrante, des histoires tortueuses autour de personnages fascinants.