M.O: Et vous n'avez pas été inquiété par les enquêtes du maccarthysme?
S.C: Si. En 53, [Roy M.] Cohn et [G.David] Schine sont venus en Europe. Ces deux messieurs étaient les avocats de McCarthy, deux salauds qui fouinaient partout. Ils étaient impitoyables. Beaucoup de gens ont perdu leur poste à cause d'eux. Il suffisait que la moindre réponse ne corresponde pas à leurs attentes pour qu'on se fasse jeter dehors. A cette époque, beaucoup d'Américains ont perdu leurs jobs et ont dû élire domicile en France. Quand les deux agents de McCarthy sont arrivés à Paris, l'ambassade m'a fait savoir que j'étais la seule personne qu'ils voulaient interroger. On me reprochait d'être trop lié à la radio française, ce qui les empêchait de donner leur point de vue politique sur la Voix de l'Amérique. J'ai donc démissionné, mais la radio française m'a demandé de poursuivre mes émissions en France, en en changeant simplement les titres. Par exemple "Le Negro Spiritual" est devenu "Deep River", "Panorama du jazz", "Le jazz en liberté". Ces émissions se sont poursuivies et diversifiées d'abord sur Paris-Inter, puis sur France-Musique et d'autres stations...
Dianne Reeves, que l'on voit et entend dans le film est venue à Souillac en 1998, à la grande joie de Sim qui adorait les voix. Il aurait apprécié ce film que nous avons diffusé lors du festival 2006, lui qui en a été bien malgré lui acteur il y a plus de 50 ans.
Robert Peyrillou