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La crise s'enlise à Madagascar avec Présidents et anciens Présidents

Publié le 16 avril 2009 par Sylvainrakotoarison
(dépêche-blog)
Ra8*, le retour
Jeudi 16 avril 2009
Le cauchemar de la HAT (Haute Autorité de Transition) a pris forme en plein week-end de Pâques : Marc Ravalomanana a annoncé son retour pour le samedi 18 avril, autant dire incessamment sous peu. Cette perspective a reboosté les «légalistes», plus nombreux que jamais le 15 avril sur la Place de la démocratie, à Ambohijatovo. L’arrivée de «Dada» (surnom qui lui a été donné par ses sympathisants) vaut bien une méga-manif. Des observateurs de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) l’ont précédé et sont arrivés à Antananarivo le 15 avril. Cette organisation demande le retour à l’ordre constitutionnel et ne reconnaît pas à Andry Rajoelina la qualité de chef d’Etat.
Du côté de la HAT évidemment, l’ambiance est plombée. La gestion du quotidien s’avère pénible avec les caisses vides et les contestations qui se multiplient. Pour tenter de maintenir la flamme auprès des populations des bas-quartiers, le nouveau pouvoir «réquisitionne» tous les biens et stocks de Tiko pour les brader auprès de ses partisans, sans trop s’encombrer de la légalité de sa démarche. Le gouvernement n’est toujours pas au complet, et déjà certains de ses membres font l’objet de critiques acerbes de la part même de ceux qui sont sensés être leurs soutiens. Andry Rajoelina  louvoie à vue et chaque jour apporte de nouveaux motifs de récrimination à une population exsangue.
Pierrot Rajaonarivelo, ancien Vice-premier ministre en exil s’apprête à revenir. L’ancien Président Didier Ratsiraka caresse le même projet et fait déjà nettoyer sa propriété d’Ambodiatafana, entre Tamatave et Foulpointe. C’est l’heure des grandes retrouvailles auxquelles Marc Ravalomanana aimerait bien se joindre. Mais la HAT est plus que réticente. Il est vrai qu’elle est déjà «illégale» aux yeux de la communauté internationale. Au cours d’un voyage au Ghana début avril, le Président américain Obama a encore réitéré sa condamnation des coups d’état perpétrés à Madagascar, en Guinée et en Mauritanie. La présence de Marc Ravalomanana sur le sol national risque de susciter un élan populaire qui rendrait aussi la HAT «illégitime». Elle tente par conséquent de dissuader le Président «en titre» de concrétiser son projet par des propos menaçants et une «diabolisation» à outrance.
Andry Rajoelina a invoqué, dans son discours pascal, Nelson Mandela qui a su pardonner et dialoguer, pour tenter de rallier à lui ses ennemis de plus en plus déterminés. C’était exactement mon argument pour demander des négociations entre lui et le Président le 13 mars (voir l’article : «un mauvais procès»). Il n’a plus qu’à joindre le geste à la parole et tendre la main à Marc Ravalomanana pour un dialogue direct et loyal. Une solution rapide et durable est à ce prix. Car le danger d’une guerre civile est réel. Plus la situation s’enlise et plus la haine s’installe entre Malgaches.
La Grande Ile mettra des années à se remettre de cette crise. Si Andry Rajoelina ne démontre pas des capacités à passer outre son adolescence attardée, qui veut tout et tout de suite, et ses blessures personnelles vis-à-vis de «Dada», sa place devant le Tribunal de l’Histoire ne sera pas enviable. L’intérêt de la nation doit primer sur tout, y compris sur les sentiments d’injustice. C’était exactement la démarche de Mandela et c’est la marque d’un grand homme d’Etat.
*Ra8 : diminutif de Ravalomanana, utilisé sur tous les forums. Le préfixe Ra est suivi de "valo" ou "huit" en français
Alain Rajaonarivony


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