Peu de livres sur l’univers de l’entreprise marquent autant que L’Imprécateur de René Victor Pilhes.
A la fois le sujet et le ton ne pourront qu’imprégner profondément votre façon de percevoir les multinationales. En effet, l’ambiance suffocante qui pèse comme une chape de plomb, associée à la description d’un univers froid et austère théâtre du meurtre, de la suspiscion et du mensonge, plongent le lecteur dans une angoissante description de LA firme ultime, celle dont le pouvoir est sans limite. A travers un prisme particulièrement pessimiste, Pilhes, ancien de chez Publicis, dépeint le danger qui, selon lui, menacerait nos démocraties : la toute puissance des multinationales. Ainsi son roman trahit-il ce qui apparaît chez lui comme une obsession : le risque que le monde puisse devenir le terrain de jeu d’une seule et immense entreprise dont le pouvoir dépasserait celui de n’importe quelle dictature connue jusqu’alors…
Paru dans les années 1970, ce roman est pourtant d’une inquiétante modernité ! Notons toutefois que depuis Pihles, les théories de gestion ont montré les limites de l’entreprise géante… Ouf !
L’Imprécateur
René Victor Pilhes, Éditions du Seuil, 1974