Nigaud et gonflé, pour un premier film !
Alan Parker s’empare d’un genre ultra-codé – le film de gansters à la James Cagney - et le transforme en grande cour de récréation. Car tous les comédiens sont des enfants, âgés de 8 à 16 ans ! Et sans jamais tomber dans le ridicule – un exploit, si on se souvient du catastrophique Big City de Djamel Bensalah…
Le tour de force d’Alan Parker ? Reconstituer un univers tout à fait crédible – New-York sous la prohibition - régi par des bambins. Ici, pas d’alcool, pas de tabac, pas de balles : juste des cocktails à base de jus de fruits, des cigarettes en chocolat et des tirs de crème chantilly ! Et on y croit.
Déjà entouré de son équipe technique fétiche – David Puttnam à la production, Peter Biziou à la lumière – le futur réalisateur des Commitments ajoute à son hommage au film noir une dimension musicale digne des musicals de Broadway. Signée Paul Williams – Phantom of the Paradise, c’est lui – la B.O. recrée avec talent l’atmosphère poisseuse et jazzy du Cotton Club. Wonder Kids
Enfin, les enfants. Ils font preuve d’un talent incroyable. Travestis en parrains irlandais ou italiens, ils nous font oublier Al Pacino ou James Cagney. Mieux : ils nous ramènent directement à notre enfance, gamineries, déceptions et fruautés également présentes.
Dans son premier grand rôle, une actrice à la maturité étonnante, la seule qui ait fait carrière, Jodie Foster. Scott Baio, quant à lui, n'aura vraiment brillé que le temps de la série Happy Days.
Bref, redécouvrir Bugsy Malone, c’est à la fois effectuer une nouvelle plongée en enfance, et comprendre pourquoi on plaçait autant d’espoir – pas mal flétri depuis – dans le premier film du cinéaste britannique. Deux raisons largement suffisantes pour voir ou revoir Bugsy Malone !
Travis Bickle