Prudence et Balisaire Beresford se reposent dans leur propriété au-dessus du lac du Bourget, mais cette vie au ralenti n'est pas du goût de Prudence qui s'ennuie et rêve que quelque chose d'excitant survienne pour rompre cette douce monotonie. Ce voeu va se réaliser avec l'irruption de tante Babeth ( Annie Cordy ), spécialiste de papillons qui, en route pour l'Afrique, fait escale chez ses neveux et leur raconte comment elle vient d'être témoin d'un crime affreux, au cours duquel elle a aperçu, de la fenêtre de son compartiment, un homme étrangler une femme aux gants rouges dans le train qui venait en sens inverse. Cette histoire, à laquelle Balisaire ne croit guère, va déclencher chez Prudence la furieuse envie d'en apprendre davantage. Elle va profiter d'une absence de son mari pour se faire embaucher comme domestique dans un château baroque habité par une famille pour le moins surprenante, cette demeure se trouvant être placée en bordure de la voie empruntée par le chemin de fer et où Prudence s'imagine que le cadavre de la malheureuse victime a pu être balancé par l'auteur du crime. Et, en effet, elle va découvrir dans une annexe de la propriété, là où le châtelain, pingre et râleur, interprété par un Claude Rich un peu trop caricatural à mon goût, a réuni ses collections qui comportent, entre autres choses de grande valeur, plusieurs sarcophages authentiques. Je ne vous révèlerai pas la suite de l'intrigue, certes un peu longuette et alambiquée, mais qui vaut pour la façon dont elle est traitée par un cinéaste qui se plaît à faire de ses films policiers ( celui-ci est la troisième adaptation d'une oeuvre d'Agatha Christie ) des comédies légères, poétiques et impertinentes.
Dans des paysages, la plupart du temps neigeux et assez gris, se déroule une action pleine de rebondissements et d'amusants clins d'oeil à des films anciens comme la scène où l'on voit Dussolier passer en kilt au-dessus d'une bouche d'aération, ainsi que le faisait Marylin dans Sept ans de réflexion , ou bien d'autres qui ne sont pas sans une pointe de piment hitchcockien, mais le génie du maître en moins. Cependant, sans qu'il se renouvelle beaucoup par rapport à ses opus précédents Mon petit doigt m'a dit ou L'heure zéro, eux aussi adaptés d'une oeuvre d'Agatha Christie, ce dernier-né se laisse regarder avec plaisir, principalement pour le flegme d'André Dussollier et la pétulance et la facétie de Catherine Frot , tous deux excellents comme à leur habitude. Décidément Catherine Frot peut tout se permettre ; du drame à la comédie, jusqu'à la loufoquerie, elle sait doser son humour, son charme et son efficacité. Actrice très complète, elle forme avec André Dussolier le couple idéal de cette comédie divertissante et un peu surannée, où leurs réparties font mouche jusqu'à cette dernière scène où le couple, prenant la poudre d'escampette devant leur maison envahie par leur progéniture, se retrouve à camper à la belle étoile.
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