Sarkozy est coincé, et il n'est pas content

Publié le 16 avril 2009 par Juan
Jean-François Achilli l'avait annoncé sur France Inter mercredi matin. Comme prévu, Nicolas Sarkozy a "recadré" ses ministres. Et comme prévu, il l'a fait savoir après son Conseil des Ministres. Son porte-parole Luc Chatel a ainsi expliqué mercredi 15 avril que "le chef de l’Etat a considéré que les positionnements ou les états d'âme dans la presse ces derniers jours apparaissaient comme ridicules et décalés aux yeux des Français".  Le président français n'a pas apprécié les confidences publiques de certains de ses ministres dans les médias, comme Nadine Morano ou Hubert Falco. Sans parler des autres.
 
L'énervement présidentiel s'est trouvé renforcer par une cascade de récents sondages : selon le baromètre BVA, Les Echos, France Info, BPI pour le mois d’avril, 55% des Français interrogés estiment justifiées les attitudes de radicalisation sociale de ces dernières semaines comme la séquestration de cadres dirigeants; et les deux tiers pensent que la justice ne doit pas poursuivre leurs auteurs. Près d'un sympathisant de droite sur deux serait de cet avis. Un désaveu pour le président qui s'était personnellement prononcé contre ce type d'actions il y a 10 jours. 60% des Français estiment également "mauvaise" ou "très mauvaise" la politique économique du gouvernement. Un autre baromètre, de Paris Match cette fois-ci, place le président loin derrière Jacques Chirac en termes de popularité. Seul motif de satisfaction, il devance Ségolène Royal. Un sociologue, président de Mediascopie, explique que Nicolas Sarkozy est devenu "inaudible".
 
Effectivement, Nicolas Sarkozy semble coincé dans la gestion d'une crise qui l'empêche de maîtriser l'actualité et l'agenda collectif. Il a ainsi préféré annuler sa visite promise aux Etats Généraux de l'Outre Mer, qui ont démarré cette semaine. Luc Chatel a confirmé les hésitations présidentielles... Le LKP a décidé de ne pas y participer non plus. le climat de méfiance est revenu, au grand damn de l'Elysée.

Etats Generaux de l' Outre Mer : Sarkozy ira, ira pas ?
par politistution
En métropole, le coup de sang des pêcheurs du Nord a surpris le gouvernement. Les ports de Dunkerque, Calais et Boulogne sur Mer sont toujours bloqués. La mise en demeure de réouverture délivrée mercredi 15 avril contre les manifestants n'y a rien changé.
Lors du même Conseil des Ministres le 15 avril, Christine Lagarde a présenté un projet de loi relatif à la fusion des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires. Quand Luc Chatel décrit le projet, il ne mentionne pas le nom de François Pérol, l'actuel président des deux banques entendu par la police il y a 8 jours. Le futur groupe, deuxième institution bancaire du pays,  comptera 110 000 collaborateurs. S'agissant du rapprochement de deux établissements mutualistes, le "nouvel organe commun"  doit être validé par une loi, d'où le projet présenté par Mme Lagarde. Sous réserve de l'accord de la Commission européenne, l'Etat apportera 5 milliards d'euros de fonds propres en échange de quelques postes d'administrations "au sein des organes de contrôles".
Question "contreparties", un journaliste a demandé si les aides du nouveau Fonds Stratégique d'Investissement "installé" par le chef de l'Etat il y a quelques mois seraient subordonnées à l'absence de plans sociaux dans les entreprises soutenues. Réponse floue du porte-parole du gouvernement : "comme je l'ai indiqué il y a une instant, ce Fonds Stratégique d'Investissement peut avoir pour objet de consolider certaines filières". Précision sémantique : "peut" ou "doit" ? Effectivement, Chatel précise ensuite que l'objet de ce Fonds est le développement d'activité à "moyen-long terme" mais pas l'interdiction des plans sociaux dans l'immédiat: "ce n'est pas la règle générale".
A bon entendeur...

Réponse aux questions - Conseil des ministres - 15 avril
par Luc-Chatel