Rien ne peut plus m’étonner en Sarkoland… pays où la démocratie ne peut qu’être «peau de chagrin»… En attendant l’avènement d’un nouveau «Prince président», digne émule de «Napoléon le petit» ? cher à Victor Hugo… Nicolas Sarkozy ou le grand «verrouilleur» des institutions ?
Comment ne pas être d’accord avec Martine Aubry quand elle dénonce : «Les propositions sur le découpage électoral «ressemblent plus à Alain Marleix secrétaire national aux élections de l’UMP qu’à Alain Marleix Secré-taire d’Etat de la République» selon le Nouvel Obs Le PS dénonce un «bouclier électoral» pour la droite ?
Je le subodorais dès l’annonce - en novembre 2008 - de cette opération à haut risque (politique) confiée à Alain Marleix…
Fin connaisseur de la carte politique française en tant que secrétaire national aux élections de l’UMP… A lire les récents articles consacrés à cette opération que Marleix est bien le seul à considérer comme «blanche» - entendre «neutre» sur le plan politique ! – il me paraît évident que ce n’est même plus du «saucissonnage» électoral mais bien «massacre à la tronçonneuse» !
Nul équilibre ou alors cela signifierait que je perds de vue la notion aristotélicienne de «juste milieu»… Une seule volonté flagrante : interdire tout retour de la gauche au gouvernement. En effet, comment parler «d’équilibre» quand l’obligation de restreindre le nombre de circonscription électorales concernera – selon les chiffres donnés par Le Monde – 33 circonscriptions : 23 à gauche pour 9 à droite !
Il s’agit en effet purement et simplement de supprimer définitivement tout alternance : “même en ayant 51 % des voix au second tour des législatives la gauche ne peut pas avoir la majorité au Parlement”, selon Martine Aubry. Si la gauche avait seulement osé le quart du tiers de ce que concocte Alain Marleix, Dieu ! quels cris d’orfraie n’aurions-nous pas entendus…
Certains à l’UMP reconnaissent eux-mêmes «avoir été bien servis» et ce ne sont pas les dénégations de Luc Chatel – porte-parole du gouvernement – gros bébé joufflu mal rasé, dont je n’ai jamais eu l’impression que l’intelligence – ni politique ni autre – fût chez lui qualité cardinale, qui me fera changer d’opinion à l’égard de cette tentative stupide de désavantager l’opposition.
Il nous prend tout simplement pour des cons : “Ce redécoupage sera transparent, rien ne se fera en catimini (…) L’objectif, c’est d’avoir des élections qui soient équitables entre les départements, c’est-à-dire qu’en gros on envoie à l’Assemblée nationale un député pour représenter le même nombre de Français.”… C’est ça, oui : mais beaucoup plus de députés de droite que de gauche !
“Aucun document n’a été rendu public par le gouver-nement” répond pour sa part Alain Marleix aux critiques qui s’élèvent. Et précisément, relève Le Monde : «Le gouvernement entend préserver le plus grand secret sur ses intentions tant que se poursuivent les consultations avec les parlementaires concernés et les responsables des partis. Ceux-ci ne veulent pas plus communiquer tant qu’ils ne disposeront pas de l’ensemble des éléments. Le redécoupage doit faire encore l’objet de négociations. Il est pourtant largement avancé»… Notons cette «culture permanente du secret» contraire à la conception de la démocratie «exemplaire» promise par Sarko ! comme si ses promesses devaient l’obliger !
Une amie du P.S. m’a fait remarquer que parmi les circonscriptions appelées à disparaître figuraient, outre celle de Delphine Batho (qui a succédé à Ségolène Royal dans les Deux-Sèvres) la circonscription de la député Aurélie Filippetti, proche de Ségolène Royal et député de la 8ème circonscription de la Moselle – qui compterait le plus grand nombre d’électeurs !… Comme c’est bizarre, comme c’est étrange ! Et d’ajouter finement que quand bien même s’en défendent-ils, cela prouve sans doute que Ségolène leur fait bien peur !
“N’essayez pas de nous prendre en faute sur ce dossier” conclut Alain Marleix. On va s’en gêner !
Je ne vous dis pas l’énorme éclat de rire quand j’ai lu quel personnage Nicolas Sarkozy a nommé à la tête de la commission «indépendante» chargée de donner un avis sur la répartition des sièges… Yves Guéna !
Pour l’indépendance, prière de repasser… Il fut, de mon avis, le pire des Présidents du Conseil constitutionnel (avec Rolland Dumas mais pour des raisons différentes). J’ai le souvenir, sous son autorité, de décisions du Conseil constitutionnel en contradiction flagrante avec l’esprit et la lettre de la Constitution…
S’il voulait une personnalité de droite incontestable il eût été préférable de choisir Pierre Mazeaud, également ancien président du Conseil constitutionnel… Mais pas de danger ! Non seulement c’est un bon juriste à qui on ne la fait pas, mais plus encore très indépendant et trop ami avec Jacques Chirac pour pouvoir être agréé par un Nicolas Sarkozy.
Le Parlement devra se prononcer définitivement avant le 8 janvier 2010, soit deux ans et demi avant les législatives de 2012.
Je ne saurais préjuger de l’appréciation que donnera le Conseil constitutionnel sur le texte définitif de la loi électorale… Sachant que son actuel président, Jean-Louis Debré, également bon juriste et indépendant – il a fait l’unanimité aussi bien à droite qu’à gauche quand il fut au «perchoir» de l’Assemblée nationale – n’est pas précisément la tasse de thé de Nicolas Sarkozy.
Il restera enfin que les électeurs sont encore les maîtres des élections quand bien même essaierait-on de tripatouiller les circonscriptions ! N’en déplaise à Nicolas Sarkozy qui semble convaincu du contraire, nul à droite pas plus qu’à gauche n’est «propriétaire des voix des électeurs»…
Ceux-ci démontrent très souvent qu’ils n’aiment pas être pris pour des cons ! Et cela vaut aussi bien pour les «parachutages» que pour la désignation en force de candidats qui n’ont pas l’aval des électeurs.
L’arithmétique électorale d’Alain Marleix ne risque-t-elle pas d’être prise en défaut si le désamour des Français à l’égard de Sarkozy and Co reste égal ou s’aggrave ?
Sans oublier le fait que l’élection présidentielle intervient plusieurs semaines avant les élections législatives…
Imaginez qu’en 2012 les électeurs élisent un(e) président(e) de gauche au sommet de l’Etat… Pensez-vous que ce serait pour ensuite porter une nouvelle «vague bleue» à l’Assemblée Nationale ? Déjà, celle-ci avait «bien rétréci au votage» comme je l’écrivis fort ironiquement en juin 2007 ! Peut-être est-ce d’ailleurs ce précédent qui a incité Nicolas Sarkozy à revoir les règles ?
Autre précédent que je faisais remarquer hier à mon amie socialiste, celui des élections législatives de mars 1986… Très certainement inspirée par François Mitterrand - dans l’espoir que la gauche perdrait moins de sièges - la réforme qui consista dans l’adoption du scrutin proportionnel (listes départementales) à un seul tour, eut un effet totalement inverse !
Non seulement la gauche fut balayée – perdant 42 sièges par rapport à la «vague rose» de 1981 – avec pour résultat la première «cohabitation» entre un président de gauche et un premier ministre de droite (Jacques Chirac) mais qui plus est, 35 députés du Front National ou apparentés firent pour la première fois de l’histoire leur entrée à l’Assemblée nationale.
Ainsi donc Alain Marleix peut-il très bien «tripatouiller» tout ce qu’il veut dans son coin – avec bien entendu l’aval, sinon les ordres ! de Nicolas Sarkozy – et qu’en fin de compte, le résultat obtenu par le «charcutier» électoral - tellement orfèvre en la matière qu’il mériterait très certainement le titre de «premier ouvrier de France» ! -soit diamétralement opposé à leurs vœux…
C’est bien entendu tout le mal que je leur souhaite !
SOURCES
20 minutes
Redécoupage des circonscriptions: l’opposition dénonce un «tripatouillage»
Disparition annoncée de 33 circonscriptions
Le Figaro
Redécoupage : «La gauche ne sera pas pénalisée»
Les socialistes partent en guerre contre le redécoupage
Le Monde
Aubry dénonce le redécoupage, “bouclier électoral pour l’UMP”
Redécoupage électoral : la gauche pénalisée
Libération
Pour Aubry, l’alternance menacée