En reprenant, sur le mode parodique, la saga des OSS 117, Michel Hazanavicius et Jean Dujardin avaient créé la surprise il y a trois ans. Leur Le Caire, nid d’espions était un délicieux hommage aux vieux films d’espionnage des années 1950/1960, truffé de gags absurdes, de répliques cultes (« c’est toi arrêtez ! » ou « Comment est votre blanquette ? »…)… Et surtout porté par un Dujardin irrésistible dans le rôle d’Hubert Bonnisseur de la Bath (quel nom !), agent secret franchouillard, sexy mais d’une bêtise abyssale…
Certains n’ont pas été séduits par cet humour un peu régressif et fortement référentiel, mais le succès public et le bon accueil critique ont logiquement poussé les auteurs à écrire une suite, qui sort aujourd’hui sur les écrans.
OSS 117 : Rio ne répond plus se déroule en 1967. Douze ans ont passé depuis le premier volet. Le général De Gaulle a succédé à René Coty au poste de Président de la République, mais s’apprête à connaître des jours difficiles en 1968. Les cheveux s’allongent, les moeurs se libèrent, les temps changent, mais Hubert Bonnisseur de la Bath reste égal à lui-même : macho, raciste, antisémite, ignare, crétin… Ses supérieurs l’envoient à Rio de Janeiro, au Brésil, pour négocier l’échange d’un microfilm embarrassant pour l’Etat français auprès d’un ancien colonel nazi réfugié en Amérique du Sud. Sur place, il constate d’une part que les lieux grouillent d’espions concurrents, dont le représentant de la CIA, et qu’il a été attiré dans un traquenard. Pour capturer l’infâme nazi et récupérer le microfilm, OSS 117 accepte de collaborer avec le Mossad, et notamment une charmante lieutenante-colonelle (Louise Monot), femme moderne qui ne s’en laisse pas compter…
La mise en scène est toujours aussi soignée que dans le premier opus. Michel Hazanavicius respecte le grain et l’esthétique des films de l’époque, reprend même le vieux logo de la Gaumont pour son générique, s’amuse à parodier classiques du septième art (Sueurs froides ou Cinquième colonne d’Hitchcock) et films de série B (films de yakuzas, films de catch mexicain, vieux sérials…). Et niveau humour, c’est encore moins politiquement correct que le premier opus. Le personnage semble encore plus raciste et cumule les gaffes mémorables auprès de ses alliés israéliens, ce qui vaut quelques répliques assez impertinentes, donc drôles. Et Jean Dujardin s’en donne à cœur joie dans le registre de l’imbécilité satisfaite.
Seulement voilà, tout cela ne suffit pas à tenir un film pendant quatre-vingt dix minutes. L’absence d’un véritable scénario se fait assez cruellement ressentir. Non que ce soit vraiment capital pour ce genre de film d’aventures ultra-balisées, façon James Bond, mais une trame assez étoffée peut aider à diversifier un peu les gags et les situations. Ici, on a la désagréable impression que l’humour tourne un peu en rond.
Déjà, l’effet de surprise ne joue plus et certains effets, ou certains aspects du personnage, commencent à sentir le réchauffé. Et les nouveaux gags sont inutilement répétés, appuyés. Prenons par exemple les scènes de fusillades où OSS 117 se retrouve face à ses ennemis et que les balles pleuvent sans jamais toucher leur cible. La première fois, c’est amusant. La seconde, un peu moins. Et la troisième fois, c’est franchement pénible. Même chose pour l’apparition récurrente des chinois qui veulent venger leurs frères morts dans la scène introductive. A la longue, le gag devient lassant.
Certes, le comique de répétition peut être efficace, mais encore faut-il en user avec parcimonie. Ici, tout semble reposer sur le même principe : Les calembours d’Hubert qui, à partir d’un mot, explore toutes ses potentialités comiques, jusqu’à épuisement du stock… et du rire du spectateur (« Le cadeau de Noël, (…) les boules de Noël,… », « Pour Lee, il faut une bonne couverture, sinon, je vais être dans de beaux draps (…) Lee portefeuille (…) wagon-Lee… ») ; les concours de rires forcés entre OSS 117 et son homologue américain ; les effets de split-screen, exploités jusqu’à la nausée, comme si le monteur avait découvert une nouvelle fonction sur son logiciel de montage…
Bref, l’humour, qui se voulait décalé et subtil, finit par devenir surtout très lourd...
Dommage… Il y avait sûrement mieux à tirer des romans de Jean Bruce et du potentiel comique du personnage, d’autant que les acteurs sont plutôt bons et que la mise en scène est autrement plus ambitieuse que les navets que nous a offert le cinéma comique français cette année.
Je tempérerai cette critique plutôt négative en précisant que mes confrères de la presse écrite ont, dans leur grande majorité, au contraire émis des avis dithyrambiques sur le film, le trouvant encore plus drôle que le premier opus. De quoi me faire – et vous faire - douter de mon sens de l’humour… Mais à mon avis, il va bien, merci, et j’assume totalement le fait de ne pas avoir aimé cet OSS 117 : Rio ne répond plus, nettement moins convaincant que le premier épisode de la franchise…
Note :
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