Une belle couverture, une petite phrase aguicheuse, on se dit que peut-être ce dernier livre d'Amélie sera à la hauteur de ses meilleures parutions. L'histoire : Un homme invité à une soirée explique à un autre invité que si une personne meurt chez vous, le mieux que vous puissiez faire pour éloigner les soupçons est de prendre un taxi et d'amener le visiteur à l'hôpital, où le décès sera constaté comme ayant eu lieu durant le transport. L'autre invité sera confronté dès le lendemain à ce curieux événement, mais prendra une toute autre décision, celle d'usurper l'identité du mort. Le début est prometteur, le style Nothomb est là, entre grands mots et petite dose d'humour distillée ici ou là. Mais la lecture se révèle très vite décevante : où veut-elle en venir? Quel intérêt y a-t-il à dépeindre la vie somme toute inintéressante des deux protagonistes principaux du livre? La fin arrive rapidement, en queue de poisson, n'apportant aucune réponse ni aucune idée précise. Qu'a voulu démontrer l'auteure? Certes, qu'elle n'a pas perdu son style. Mais ici, il est en version light. Malgré quelques jolies phrases ("J'étais heureux comme un champignon séché mis à tremper dans du bouillon : retrouver mon volume d'antan était délectable"), l'ensemble sonne creux, on oublie cette lecture dès la dernière page tournée.
La lecture de ce bref roman (toujours du Nothomb écrémé, gros caractères et nombreux blancs) est un peu plus plaisante. Amélie aime Radiohead est son héros se berce de leur musique pour commettre
ses crimes. Du coup, ma lecture fut elle aussi rythmée par Radiohead dans ma tête. Une histoire d'amour dans le désordre, un héros très nothombien dans sa misanthropie. Mais on reste sur sa faim,
cette histoire d'hirondelle aurait mériter une meilleure plume, plus inspirée.
Très sensible à la verve d'Amélie Nothomb, j'ai aimé beaucoup de ses livres, à commencer par Hygiène de l'assassin. Les catilinaires, Mercure, ses romans mi-autobiographiques, mi-fantaisistes comme Méthaphysique des tubes ou Stupeur et tremblements m'avaient enchanté. Même Acide sulfurique, avec lequel la critique n'avait pas été tendre, avait été un plaisir de lectrice. Mais déjà, le dernier Ni d'Eve ni d'Adam m'avait dérouté, laissé sur ma faim, malgré son prix de Flore (2007). Est-ce de la facilité de la part de l'auteure? Toujours est-il que c'est ce que le lecteur ressent... C'est bien écrit mais vide, plat, des histoires qui semblent baclées. Beaucoup ont reproché à Amélie Nothomb de n'avoir qu'un talent commercial et non pas un talent purement littéraire. Dommage que ces deux derniers ouvrages ne démontrent pas le contraire.
Le fait du prince, Albin Michel, Août 2008, 169 pages