Ce matin j’étais à Loc Eguiner – Saint-Thégonnec, pour le début d’une série d’articles à paraître dans le mensuel L’Entreprise de juillet, pour interviewer Stéphane Le Cun, créateur de la société Muscidia. Son entreprise élève des parasitoïdes. Kesako ? Il s’agit d’insectes qui se nourrissent d’autres insectes. En l’occurrence, de petites guêpes, qui ne piquent ni les hommes, ni les êtres humains, qui se nourrissent des nymphes de mouches d’élevage et y pondent leurs œufs pour proliférer.
Pour les éleveurs, de porcs, de bovins, de poules, les mouches sont gênantes quand elles pullulent comme c’est souvent le cas. A leur aise dans le lisier, elles se multiplient en l’espace d’une dizaine de jours et viennent perturber les animaux. Ainsi, certaines vaches peuvent avoir plus de 300 mouches collées à leurs basques. Les mouches d’élevage naissent dans de la matière organique d’origine fécale. Si bien qu’elles transmettent aux êtres vivants qu’elles touchent les bactéries captées dans leur milieu de naissance. Les effets négatifs sont nombreux : les animaux, stressés par ces mouches, engraissent moins et se valorisent donc moins sur les marchés; pour s’en défaire les agriculteurs utilisent souvent des insecticides (de plus en plus inefficaces en raison de la résistance des mouches à leurs effets et de plus en plus interdits par la législation européenne), de la famille des pesticides, dont les effets néfastes sur la santé, des êtres humains et des animaux, ne sont plus à prouver. De plus, le nettoyage des salles d’élevage, entre deux productions, augmentent du fait de la présence des mouches. Celles-ci défèquent, salissent et entraînent des heures de travail pour les ouvriers agricoles.
Avant de devenir des insectes volants, les mouches sont d'abord des vers
Protection Biologique
Les mouches d’élevage représentent donc une menace importante liées à leur croissance exponentielle et à l’ensemble des coûts directs et indirects du fait de leur présence. C’est là qu’intervient Muscidia. Après une quinzaine d’années passées au sein du groupement de maraîcher Savéol, Stéphane Le Cun a monté son élevage de parasites. Il fournit les exploitations agricoles en parasites. Une fois ceux-ci implantées sur l’exploitation, ils pondent, tuent les nymphes de mouches et les empêchent de proliférer. Dans son atelier, le créateur multiplie ses prédateurs avant de les livrer chez ses clients (par la Poste pour ceux qui sont trop loin) dans le cadre de contrats annuels. La solution coûte 80 à 120 euros par salle d’élevage et par an. Une solution tout juste plus onéreuse que la lutte chimique.
Stéphane Le Cun devant la préparation culinaire pour nourrir les mouches