Défense européenne : Paris veut un état-major unique à Bruxelles

Publié le 15 avril 2009 par Theatrum Belli @TheatrumBelli

La France veut un état-major unique à Bruxelles pour une défense européenne autonome et complémentaire de l'Otan, partant du principe que les intérêts de l'UE ne coïncident pas toujours avec ceux des Etats-Unis, a déclaré mercredi le secrétaire d'Etat Bruno Le Maire.

Le sommet de l'Otan de Strasbourg-Kehl, "un grand succès pour l'Alliance atlantique, et un grand succès aussi je l'espère pour la défense européenne, doit être un point de départ" vers "des objectifs plus ambitieux" dans ce domaine, a déclaré le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes sur Radio Classique.

"Nous aurons besoin à terme, même si c'est un objectif difficile, d'avoir un commandement militaire unique de l'Union européenne, un état-major européen qui pourrait être installé par exemple à Bruxelles, et qui permettrait de commander des opérations européennes partout ou les intérêts de sécurité européens seraient en jeu", a-t-il ajouté.

"Aujourd'hui il y a trois états-majors qui font ça : un en Angleterre, un en France, un en Allemagne. Je pense qu'il serait plus logique, plus raisonnable, plus économe aussi des deniers publics d'avoir un seul état-major de conduite d'opérations", a poursuivi M. Le Maire.

"L'Union européenne peut très bien se retrouver dans une situation ou elle devra défendre seule ses propres intérêts de sécurité sans pouvoir compter sur les uns ou sur les autres", a-t-il argué, citant l'éventualité d'un nouveau conflit dans les Balkans.

"Il y a un moment où nos alliés, y compris nos alliés américains, disent: nos amis européens sont des gens très bien, ils ont des intérêts de sécurité qui ne sont pas forcément les nôtres, qu'ils se donnent les moyens de les défendre", a poursuivi M. Le Maire.

"Ce sera très difficile" de convaincre la Grande-Bretagne de la nécessité d'un commandement unique, a-t-il admis.

Les Britanniques ont bloqué depuis des années la création d'un vrai quartier général permanent de l'UE, y voyant une inutile duplication avec l'Otan.

Mais avec le retour de la France dans le commandement intégré de l'Alliance atlantique "on ne peut plus nous accuser (...) de faire ça contre l'Otan car nous sommes pleinement aujourd'hui dans l'Otan", a souligné le secrétaire d'Etat.