Notre Ministre de la Défense, Hervé Morin, s’est présenté devant les caméras de la Télévision française pour rendre compte de l’opération ayant conduit à la libération du voilier Tanit. Un peu déconfit de l’échec partiel rencontré par nos forces d’intervention, il s’est employé à dégager sa responsabilité. Il a donc rappelé les multiples mises en garde adressées au propriétaire du voilier et a énuméré les différents contacts établis avec les pirates.
Emporté par son souci de justification, il a alors commis une faute grave qui, dans tout gouvernement, et encore plus dans le nôtre, apprécié, selon notre chef suprême, à ses résultats, eut dû entraîner sa démission. Notre Ministre a en effet déclaré qu’une offre de rançon avait été faite.
S’il est une constante dans la politique de notre République, c’est que l’on ne négocie pas avec des ravisseurs et qu’on ne saurait envisager de leur verser une rançon. Même si, lors de chacune des libérations déjà intervenues, le doute a été permanent, on n’a jamais, à ma connaissance, établi formellement la transgression de cette doctrine officielle.
Il est navrant de devoir constater l’incapacité de notre Ministre à maîtriser ses propos, préoccupé par une seule pensée, démontrer qu’il avait vraiment tout fait. Ce qui est arrivé est la conséquence de l’inconscience de Florent Lemaçon, de la sauvagerie des pirates mais en aucun cas de la maladresse de nos militaires car, comme on nous le rappelle complaisamment, le risque zéro n’existe pas. Il devrait cependant être possible de réduire le risque en disposant de professionnels bien entraînés. En vous reportant à l'adresse indiquée au bas de ce billet, vous pourrez constater que, déjà en avril 2008, la libération du Ponant avait été plutôt malaisée.
Quoi qu’il en soit, une opération militaire comporte toujours des aléas, confronté que l’on est à des réactions imprévisibles de l’ennemi. Par contre, savoir tenir sa langue semble à la portée de n’importe quel ministre digne de ce nom. Si un président peut, apparemment sans déchoir, insulter un quidam, on est en droit d’attendre d’un Ministre de la Défense qu’il ne détruise pas par des paroles imprudentes une doctrine affirmée depuis des décennies.
A propos de risque, je risquerai une incidente. En réalité, le risque zéro existe bien. Quand on est à la tête d’une grande entreprise, que l’on supprime des emplois par milliers, que l’on perd des fonds par milliards, on ne risque rien. On touchera sans problème son dû : l’éventuelle prime de bienvenue, le bonus, les stock-options, la prime de départ, le parachute doré, la retraite confortable. Risque zéro, tant que des politiques oublieux de leur devoir protègeront leurs amis et adopteront la position du Medef : refuser toute loi et s’en remettre au sens des responsabilités de ceux qui ont su démontrer qu’ils n’en avaient aucun.
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