Oui, les quotidiens sont remplis ce matin de louanges et de superlatifs sur notre Federer national. Oui il est on ne peut plus proche du record de Sampras. Oui, il les mérite ces hommages et on lui tire aussi ici notre chapeau bien bas. Mais Federer n’est pas un martien, contrairement à ce que certains commentaires TV laissent entendre. C’est un bonhomme avec ses forces et ses faiblesses, mais un bonhomme d’exception sur différents points et en particulier sur sa technique de gestion du stress.
Le coaching en entreprise ou en individuel est devenu à la mode. Les coaches fleurissent. On fait sauter à l’élastique le préposé aux impôts, patiner le balayeur, danser le tango à l’huissier et chanter l’employé des pompes funèbres, pour ensuite pratiquer le fameux debriefing avec eux et viser à la réalisation pleine et entière de l’individu dans sa tribu, dans son travail, dans sa quête jalouse d’estime de soi, la fameuse notion très mode et si chère à Rosette Poletti et autres Boris Cyrulnik et disciples de service pondeurs d’ouvrages qui remplissent le rayon développement personnel des librairies.
Bien, on ne dira rien de plus sur le coaching sinon pour remarquer que Federer se coache lui-même, et le fait avec une particularité qu’aucun autre de ses concurrents ne possède: la capacité de hausser son niveau de jeu et sa concentration dans les moments décisifs et singulièrement lorsqu’il est en danger. Cette capacité qu’il a développée lui est personnelle et force l’admiration. Elle doit être en partie due à une sorte d’assimilation des techniques d’arts martiaux qui permettent de s’appuyer sur l’adversaire pour mieux le déséquilibrer.
Mais il y a autre chose que Federer gardera sans doute encore longtemps pour lui sans le dévoiler, et cette “chose” fait de lui un être incroyablement fort en tennis et sans doute dans la vie : elle ne peut venir que de son esprit qu’on aimerait bien “radiographier” en toute curiosité.
Chapeau encore “Rodgeur” !
© Crédit photographique Emmanuel Dunand AFP