Le maïs et le soja génétiquement modifiés très controversés en Europe, mais largement utilisés aux Etats-Unis depuis leur commercialisation en 1996, ont peu amélioré les rendements de ces cultures, indiquent des experts indépendants américains dans un rapport publié mardi.
« Jusqu’ici les performances des cultures génétiquement modifiées pour accroître le rendement sont modestes et ce malgré les efforts considérables mis en œuvre » depuis vingt ans, concluent les auteurs de cette étude de l’Union of Concerned Scientist (UCS), groupe indépendant américain de recherche.
Or l’accroissement de la production est le principal argument avancé par les défenseurs des organismes génétiquement modifié (OGM) qui font valoir que ces cultures seront capables de produire plus pour nourrir les populations des pays en développement.
« Aucune culture transgénique n’a permis un accroissement réel du rendement et seul le maïs Bt a montré dans une certaine mesure de plus grands rendements d’exploitation », ajoutent ces chercheurs dont Doug Gurian-Sherman, principal auteur de l’étude qui s’interroge sur la sagesse de consacrer autant d’investissement dans les OGM qui pourraient en outre présenter des risques environnementaux.
Selon les chercheurs de l’UCS, le soja génétiquement modifié pour résister aux herbicides, culture génétiquement modifiée la plus plantée aux Etats-Unis, «n’a pas accru le rendement réel, ni d’exploitation». Ils ont calculé que la contribution du maïs Bt à l’accroissement des rendements depuis sa commercialisation en 1996 n’a été que de 0,2 à 0,3% par an.
Citant des statistiques du Ministère américain de l’Agriculture, l’étude note que la production moyenne de maïs par acre (0,4 hectare) aux Etats-Unis a été de 28% plus élevée de 2004 à 2008 que durant une période comparable de cinq ans entre 1991 et 1995.
Selon une analyse effectuée par les auteurs du rapport seuls 3 à 4% de ce gain est attribuable aux Maïs Bt ce qui signifie que de 24 à 25% du gain de production à l’hectare ou rendement sont attribuables aux autres méthodes d’amélioration des cultures de maïs. Pour le soja transgénique, dont la production moyenne par acre s’est accrue de 16%, les auteurs du rapport ont estimé que le gain attribuable aux OGM était quasi-inexistant.
Enfin ils soulignent que la production moyenne de blé par acre a augmenté de de 13% environ entre ces deux mêmes périodes de référence. Or, il n’y a pas de blé transgénique commercialisé.
Aux Etats-Unis, le soja génétiquement modifié compte pour 90% des superficies cultivées avec cette culture tandis que pour le maïs cette proportion est de 63%.
Les résultats de cette recherche montrent « qu’il est temps d’examiner plus sérieusement les autres techniques de culture disponibles » pour doper les rendements, jugent ses auteurs préconisant de mettre en application les dernières avancées prometteuses en génomique pour améliorer les qualités génétiques des cultures sans recourir aux OGM.
AFP - Jean-Louis Santini