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"Les Putes à Buzz" par ZetteANDtheCity

Publié le 15 avril 2009 par Darkplanneur @darkplanneur

 Mélina Loupia est un blogueuse, que nous suivons depuis quelques mois avec grand intérêt, nous apprécions sa...grande gueule, son honnêteté, et son talent de plume (si rare dans la profession). Blogueuse Influente (elle déteste le terme avec raison, mais la France est la nation de l'étiquette), elle se trouve naturellement au coeur du système Blogueuse/Agence de Buzz/Centrale, et elle a décidé de vomir dans la soupe...

Il y a parfois des endroits qu'il ne faut toucher du doigt qu'avec de multiples précautions et après moultes réflexions.

Vous connaissez toutes et tous l'effet papillon, petites causes, grandes conséquences, -dixit un petit jeune qui monte, Bénabar-.  

Et je viens d'avoir le mien.  

Je vous en fais la synthèse, à défaut de la Genèse, d'autres s'y sont cassés le râtelier avant moi.  

C'est une petite vibration à la surface de la blogosphère qui a amplifié le phénomène et a excité ma curiosité.  

D'où il était vraisemblablement question d'agitation de trolls plutôt que de réelle problématique autour de l'évènement du moment : l'affaire des billets sponsorisés.  

Le principe est simple, la polémique tourne autour de l'éthique des blogs ainsi que de celle de leurs créateurs.   

Un blogueur intègre est celui qui tient sagement son journal intime ouvert à l'interprétation de la Terre entière, tout propret dans son design, nuancé dans sa syntaxe et lisse dans son style.

Un blog de vie, comme choisi dans le menu déroulant de l'administration de sa plateforme dédiée.  

Et soudain, il s'aperçoit un jour, que dans sa boite mail, entre les recommandations de maman de se couvrir demain matin parce que c'est Evelyne Dhéliat qui a dit que la dépression arrivait du Pôle, et celle de Markus proposant du Viagra par caisse de 72 à 3€ pièce, un annonceur, THE announcer, lui propose de pratiquer l'échangisme.

Il saute de joie, frétille, et immédiatement, consulte les termes du deal.

Rien de bien tremblant, un lien par ci, un cadeau par là avec la petite promesse d'être visible et visité par les moteurs de recherches.

Ego exponentiel assuré!  

Et voilà le petit blogueur en costard qui desserre sa cravate, ébouriffe sa tignasse et arrête le déodorant.   

Tant va la cruche à l'eau, qu'à la fin, le blog de vie pour les intimes scintille et clignote comme un sapin de Noël, dont le pied devient rapidement encombré de joujoux par milliers. La caverne à cadeaux de La roue de la fortune, c'est le goûter du Comité d'Entreprise de Conforama à côté.  

Du GSM au Nabatztag, en passant par le virement sur le compte Paypal, voilà notre individu aussi gâté qu'une dent de lait dopée aux Smarties.  

Et du pourri au vendu...  

C'est alors que la blogosphère bien pensante, celle de Mesdames et Messieurs les censeurs s'insurge, souffle, tempête, et part en croisade, que dis-je cabale contre cette nouvelle race de blogueurs prostitués.  

Le mot est lancé.  

Vous n'êtes que des putes à billets sponsorisés, c'est inadmissible, comment osez-vous nous imposer de la publicités toutes les deux notes, alors que vous vous inscrivez comme blog de vie, puisque c'est ainsi, Capri, c'est fini, nous ne viendrons plus sur vos blogs, n'y commenterons plus aucun billet, et sachez pour finir, que vous ne faites plus partie de nos blogrolls. Quant aux contacts mail et MSN, bloqués. Il en va de même sur les réseaux sociaux. Soyez bannis de Facebook, ne me twittez plus par pitié.  

Bouh. Na. Vilain. Méchant. Pas beau.   

Et le petit blogueur de réaliser qu'il a vendu son âme au Diable.

Et le petit blogueur de tenter de justifier son côté pervers, de réciter les 7 péchés capitaux auxquels il a cédé.

Que c'est malgré lui, tu comprends, la crise, le chômage, la famille, les bouches à nourrir, tout ça.

Qu'il faut tout de même pas violenter mémé dans les barbelés, que si ça ne te plait pas, t'as qu'à pas venir, ou passer ton chemin camarade, je n'ai pas besoin de tes visites et de tes commentaires moisis, maintenant, Google est mon ami et l'annonceur mon dealer. Et je peux faire plaisir à ma famille et surtout aux gosses. Faire dans le misérabilisme, des fois, ça marche.  

Que nenni. Tout ça, c'est de la rhétorique, m'a-t-on rétorqué un soir de pluie.

Certes.  

Mais qui c'est qui mérite le plus sa petite fessée?  

Celui qui faute, ou celui qui dénonce?   

Le blogueur décadent, ou le puritain?   

J'ai ma petite idée là-dessus.  

Il s'avère que je pratique la prostitution.   

Sur mon blog dont je ne mets pas le lien ici puisque je ne suis pas là de façon sponsorisée, aucun intérêt.   

Un blog de vie.  

Des écrans de pub à droite, du partenariat au centre, et quelques affinités éparpillées sur la blogosphère.   

Je te fais tout mon ami.  

De l'échange de liens.

De la bannière virale.

Du trollisme influent.

Du billet sponsorisé.

Du publi-rédac pour TF1.

Si.

Et tu veux que je te dise, ça représente un quart de mes revenus, dans ce pays où le coming out de l'avis d'imposition fait perler tous les fronts.  

Je suis une semi-pro, mais j'apprends vite, sur mon cyber-trottoir, j'ai des copines qui me montrent de temps en temps, d'anciens clients dont elles ne veulent plus par lassitude, mais qui seraient ravis d'éprouver ma fraîcheur et ma virginité.

Je vais même jusqu'à vendre des produits qui ne correspondent à rien à cette foutue ligne éditoriale.

Mais que veux-tu, ami Amish de la blogo, moi, vendre des gélules qui font maigrir sur Internet, avec un joli logo et même une vidéo de posologie, alors que si tu me connais, tu sais que je pourrais gober deux tablettes de beurre à tous les repas que je ferais même pas bander la balance, ça m'excite.

En fait, plus c'est pas pour moi, plus j'ai tendance à avoir envie de m'en emparer pour faire fructifier.

Et peut-être même que si tu me cherches de trop, je pourrais te dire que je t'emmerde, te laissant, ami, la joie de savourer ta victoire, comme quoi je cherche l'absolution et que tu as raison, après tout, je n'ai pas une seule seconde pensé que je pourrais choquer, décevoir, voire même trahir mes lecteurs qui soudain, ne me trouvent plus le talent dont ils adoraient ponctuer chacun de leurs commentaires à mon endroit. Même je pourrais te dire que c'est pas sale puisque je paye des impôts pour ça alors tu vois?   

Mais je n'en ferai rien.

Je suis bel et bien une pute à billets sponsorisés (Prononcer élégamment Mâme Putabié, je préfère), et  je ne m'en défends pas, ne cherche donc pas autre chose qu'un "parce que" à ton "pourquoi?".

Si tu me demandes, je te dis.

Si tu me demandes pas, je te dis pas.   

Non, je te dirai pas que c'est ma vie, mon blog et que donc je fais ce que je veux avec mes cheveux.  

Je te dirai simplement que je suis une pute à billets sponsorisés, et que sinon, à part ça toi, ça va?

Melina Loupia créatrice du Blog Zette & The City

Photo source Gonzague Dambricourt


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