Le rapport entre Maurice Druon et moi ?

Publié le 15 avril 2009 par Nicolas J
La bonne réponse n’est pas « Les Rois Maudits m’ont réconcilié avec l’histoire de France ». C’est pourtant bien le cas, où, du moins, avec cette période de l’histoire de France mais ça doit être le cas de la plupart des gens qui étaient prodigieusement emmerdés, à l’école, par tous ces machins et qui ont repris le goût de lecture après le bac…
En plus, ce n’est même pas vrai. C’est « l’histoire de France selon San-Antonio » qui m’a réconcilié. De même que « Et le singe devint con » de François Cavanna m’a réconcilié avec la préhistoire. D’ailleurs, ce sont « les Ecritures » du même Cavanna qui m’ont réconcilié avec la Bible. Il faut dire que c’est plus drôle.
Mais ce n’est pas François Cavanna qui est mort hier, mais bien Maurice Druon. J’ai appris ça alors que j’étais à la Comète. Nous devions faire « nocturne » pour boire un coup avec Jim qui partait en vacances. Je m’emmerdais au comptoir. Faire « nocturne » en semaine empêche de picoler. Phiphi l’Elégant, qui était avec nous, n’a d’ailleurs pas compris ça. Hips pour lui. Il a passé une partie de la soirée à bricoler le scooter du vieux Joël avec lui, sur le trottoir en face et j’étais donc tout seul.
Vive l’iPhone. Je pouvais twitter et je lis « Maurice Druon est mort ». Je me retourne vers les deux serveurs, Jim et Nicolas. Je leur dis « Maurice Druon est mort ». Ils me demandent « Ah ! C’est qui ? ». « Ben, vous savez, le type qu’a fait les Rois Maudits et le Chant des Partisans ». « Ah ! Connais pas ».
Et je mets à chanter le Chant des partisans au comptoir. « Ami, entends-tu Le vol noir des Corbeaux Sur nos plaines? Ami, entends-tu Les cris sourds du pays Qu'on enchaîne ? ». Oui !
Je connais le Chant des Partisans par cœur. Je connais six chansons par cœur : « Mon père était vétérinaire », « La grosse bite à Dudule », « Je voudrais être un nain pour avoir une grosse bite » des VRP et deux chansons de Barbara, « l’aigle noir » et « Nantes », en plus du « Chant des partisans ».
Tout a une explication. Par exemple, dans mon ancienne voiture, celle qui m’a accompagnée 260000 km, une cassette de Barbara était coincée dans l’autoradio. La culture tient à peu de choses
Ainsi, je chantais le chant des partisans au comptoir. « Ami, entends-tu Le vol noir des CorbeauxSur nos plaines ? Ami, entends-tu Les cris sourds du pays Qu'on enchaîne ? ». Mes deux compères ont immédiatement repris « Motivés ! Motivés ». La culture tient à peu de choses, disais-je !
C’est d’ailleurs cette version, par Zebda, qui m’a réconcilié avec le Chant des partisans. Avant, il représentait pour moi la pire des musiques militaires. En fait, même, il représentait pour moi peut-être l’inverse de ce qu’il aurait du : la "pire des droites", celle au passé peu glorieux, les affaires sombres du 92, …
Il faut dire que j’ai commencé mon service militaire en octobre 1988… et que, cette année là, le 11 novembre 1988 était en novembre 1988 et tombait pour les 70 ans de l’armistice. Il y avait donc une cérémonie organisée au Mont Valérien, en présence de centaines d’anciens combattants (c’est par la suite qu’une méchante épidémie a fait qu’ils ont tous disparu, le dernier des anciens combattants s’étant éteint l’an dernier au Kremlin-Bicêtre).
L’invité vedette, qui présidait la cérémonie, était Charles Pasqua, à l’époque Président du Conseil Général, qui venait de quitter le Ministère de l’Intérieur
. Je ne sais pas pourquoi mais tous les gauchistes de mon âge ont Charles Pasqua en horreur. Il faut dire qu’on était étudiants en 1986.
Ainsi, jusqu’à la reprise du Chant des partisans par Zebda, le Chant des partisans était pour moi une horrible musique militaire : pendant mon premiers mois de classes, la fanfare du fort avait passé son temps à la répéter au milieu de la place d’armes.
C’est après que j’ai découvert la vraie version et me suis rendu compte qu’elle était superbe
.
Je me suis foutu de la gueule de Nicolas et de Jim. Ils se sont foutus de la mienne pour avoir chanté. La routine du bistro. C’est alors que Nicolas m’a informé qu’il y avait une soirée spéciale, le 23 avril, à la Comète. Musique tsigane et paëlla (et côte de bœuf pour ceux qui n’aiment pas la paëlla). C’est le premier « concert » de l’année. Je vous avais dit que je fusionnais avec ce bistro. Le 23 avril est le jour de mon anniversaire.
De Maurice Druon aussi.