Le caporal Fillon attend les ordres

Publié le 09 septembre 2007 par Nico2312
Il a beau avoir prévenu dès sa prise de fonctions qu'il ne serait qu'un "super directeur de cabinet" du président de la République et claironner sur tous les toits qu'il rêve de voir son poste disparaître, le manque d'amour propre de François Fillon ne cesse d'étonner.
Tant qu'il s'agit rappeler à l'ordre certains de ses (sous) ministres, il est capable de se montrer à la fois dur et cassant comme cela est par exemple le cas avec Rama Yade qui selon lui "a fait une gaffe qui est liée à son inexpérience : c'est aussi le risque quand on prend des jeunes inexpérimentés", avant d'ajouter, entre paternalisme et condescendance : "mais, en même temps, ils apportent tellement que je ne regrette à aucun moment d'avoir choisi Rama Yade. On ne peut jamais reprocher à une jeune femme d'avoir de la générosité et de réagir à ses émotions". En revanche, il n'a pas le droit de dire le moindre mal des protégés de Nicolas Sarkozy ; ainsi, il ne se passe rien au cabinet de Rachida Dati excepté un "travail formidable en quatre mois".
Mais la servilité du Premier ministre transparaît réellement dès qu'il s'agit de prendre une décision politique. Dernier exemple, la réforme des régimes spéciaux de retraites : alors qu'il avait fait le plus difficile en tant que ministre des Affaires sociales de Jacques Chirac en 2003 en alignant les fonctionnaires sur le régime général et qu'il lui suffit donc d'évoquer l'équité pour se mettre l'opinion publique dans la poche, il se lance bêtement dans un passage en force pour plaire au chef de l'Etat, qui se complet à dresser une France contre l'autre, en assurant que "cette réforme est prête, elle est simple à faire, il s'agit d'aligner les régimes spéciaux sur celui de la fonction publique", précisant que le gouvernement attendait "le signal du président de la République". En effet, pourquoi respecter les syndicats en leur annonçant avant même l'ouverture d'une éventuelle négociation que la réforme est bouclée ??? D'autant que le ministre du Travail, Xavier Bertrand, leur avait avoué qu'un décret sur le sujet était en préparation, avant d'être contre-dit par le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquier, à son tour désavoué par François Fillon. Mépris vis-à-vis des partenaires sociaux et cacophonie gouvernementale : beau mélange pour transformer une réforme a priori sans difficultés à défendre en terrain miné…
Pourtant, François Fillon sait se tourner vers les partenaires sociaux quand le courage politique lui manque pour se lancer dans une (mauvaise) réforme qu'il considérait encore il y a peu comme la martingale du financement de la protection sociale. Ainsi, dès que Eric Besson lui aura remis son rapport sur la TVA sociale, il souhaite "saisir les partenaires sociaux par l'intermédiaire du Conseil économique et social, en lui demandant de travailler sur une réforme du financement de la protection sociale". Ça sent l'enterrement de première classe à plein nez !!!