En ce WE pascal (dimanche 12/04), l'émission Karambolage a consacré la séquence coutume à une coutume polonaise appelée Smigus-Dyngus. J'ai été assez surprise de découvrir que cette coutume ressemblait énormément à ce que les R'batis appelent "t'3enessira" ou "zemzem". La coutume consiste à ce que les personnes se jetent de l'eau les uns sur les autres. Ca peut être des seaux ou des balons remplis d'eau ou tout simplement des pistolets à eau. Le but est de mouiller l'autre le plus possible. Cette coutume a lieu à la fin de la fête de Achoura au lendemain de la nuit où bp de choses brûlent (!) "che3ala". Elle prend fin à l'appel de la prière du midi.
J'ai un rapport à cette coutume assez spécial. Le matin de zemzem ma mère mettait un peu d'eau dans le récipient réservé aux ablutions. Elle nous réveillait en nous aspérgeant d'eau. Rien de méchant juste quelques gouttes sur le visage. Dans la famille, cette coutume se limitait à ce moment de réveil. Ce qui est loin d'être le cas dans le quartier/la ville.
Quand Acouhra coincidait avec les vacances d'été, il m'était interdit ainsi qu'à ma soeur de sortir. Mes frères limitaient leurs déplacements. C'est ma mère qui se chargeait de faire presque toutes les courses ce jour-là. Car sinon il est sûr et certain de rentrer à la maison trompé de la tête aux pieds. A travers la fenêtre je regardais les voisins qui se livraient des batailles d'eau. Certains enfants portaient carrément des maillots de bain. La rue était complétement innondée. J'avais du mal à comprendre que dans un pays comme le Maroc au climat semi-désertique on pouvait tolérer autant de gaspillage. Le comble et c'est ce que j'avais le plus de mal à comprendre c'est que n'importe qui peut se permettre de vous mouiller ce jour-là. Je me rappelle une année, une touriste française passait dans notre rue. Sans crier gare, un voisin l'a mouillée de la tête aux pieds. Elle était verte de rage. Elle hurlait de fureur et la gars rigolait tranquillement ! Le pire c'est que la matinée pouvait se terminer avec quelques bagares. Ce qui arrivait une fois sur deux.
Quand Achoura commencait à coincider avec l'année scolaire, ma famille m'autorisait à ne pas me rendre à l'école ce jour-là. J'ai tjrs refusé de sécher les cours. Et par des miracles j'ai tjrs réussi à échapper à ce délire généralisé. Une fois, j'ai été au collège, en sortant, il y avait des garçons qui se sont postés exprès devant la porte d'entrée du collège prêts à mitrailler les filles avec des pistolets à eau. Par un pur hasard un voisin passait par-là. Un colosse qui ressemble à Michael Clarke Duncan. Il m'a tenu par une main, ma copine par l'autre. Je peux vous dire que personne n'a osé s'approcher de nous. Il nous a accompagné jusqu'à devant les portes de nos maisons respectives.
La seule fois de ma vie où j'ai été à moitié mouillée fut à cause d'une voisine et copine d'enfance. Elle n'arrêtait pas de me menacer que cette année là elle m'aurait. Je lui avais répliqué si tu me croises dans la rue tu peux faire de moi ce que tu veux ! Comme d'habitude, le matin je suis restée tranquillement chez moi. L'après-midi, je suis passée la voir vers 16h00. En arrivant devant la maison et en la voyant faire un signe à sa cousine, j'ai compris qu'elle avait caché un seau d'eau derrière la porte. J'ai couru mais le jet d'eau m'a atteint sur le côté.
Quand je me suis installée à Tanger, j'avais découvert avec un énorme soulagement que cette coutume leur était étrangère. Au sud aussi ils ne la pratiquent pas. Le contraire serait gravissime quand même.
Comme le montre le reportage, en Pologne -tout comme au Maroc-, ce jour-là la porte de la cinquième dimension s'ouvre ! Personne n'échappe au délire collectif. Si dans l'émission on explique l'origine de cette coutume dans le cas de la Pologne, je ne sais pas quelle en est l'origine pour le cas du Maroc. Et comment se fait-il qu'elle soit cironscrite à certaines régions du Maroc ?
PS : je me répète, mais je ne peux pas m'empêcher de vous recommander et vivement cette excellente émission.