Il n'y a qu'à observer le casting pour comprendre le manque total d'ambition qui caractérise le film : Karin Viard en emmerdeuse, Dussollier en gentil mec ouvert aux autres, Cluzet en salaud sympathique... Chacun est employé dans ce qu'il a toujours fait (plutôt bien, d'ailleurs), et aucune surprise ne vient transcender le film. De même, pour la réalisation : Karmann multiplie les mouvements de caméra, mais tout cela ressemble moins à une mise en scène qu'à une volonté un peu primaire de ne pas ressembler à un téléfilm.
À condition de se focaliser sur ce qui fait l'essence même du film, les dialogues, La vérité ou presque recèle quelques moments assez savoureux, notamment la scène du dîner, où les vacheries pleuvent pour notre plus grand bonheur. Fasciné par les liens entre passé et présent (une mystérieuse chanteuse de jazz fait office de passerelle, comme JFK dans Kennedy et moi), Karmann livre une fin gentiment touchante, doublée d'une morale pas trop appuyée.
Sa réflexion sur la vérité (et sur son pas tout à fait contraire, le mensonge) est assez bien vue ; pas suffisant cependant pour rivaliser avec la perversité bourgeoise d'un Chabrol ou la tendresse piquante d'un Jolivet. Manque à Karmann un sujet suffisamment fort ou une vraie personnalité de cinéaste, l'idéal étant d'avoir les deux.
6/10
(également publié sur Écran Large)