Commençons par dire qu’on n’aurait jamais imaginé un tel scénario en début de saison. Les Bruins étaient une équipe à surveiller mais personne ne les voyait au premier rang de l’Est. Du côté du CH, on pouvait anticiper une baisse de régime par rapport à l’an dernier mais pas au point de finir au 8e rang en devançant les Panthers au bris d’égalité. Cette série est vraiment presque l’image-miroir de celle de l’an dernier, sauf que les Bruins de 2007-08 étaient pleins d’entrain et de bonne volonté tandis que la Flanelle actuelle semble commencer son déclin…
-Devant le filet:
La seule chose qui manque au CV de Tim Thomas, c’est justement des victoires en séries. L’homme a dominé la LNH pour la moyenne (2.10) et le taux d’arrêts (.933) en saison régulière et il sera assurément candidat au Trophée Vézina. En gagnant une couple de rondes, il assurera sa place parmi l’élite des gardiens de la ligue. Il est dû et on commence à croire qu’il est bon.
De son côté, Carey Price est une énigme enroulée dans un casse-tête. Il est capable du meilleur et du pire, souvent dans le même match. Il avait amorcé les dernières séries en pleine confiance mais il a quand même sérieusement défailli contre les Flyers. Sa confiance doit être assez moyenne ces jours-ci alors il est difficile de croire qu’il pourrait voler la série. Il faut admettre qu’il a bien fait contre Pittsburgh samedi, alors c’est peut-être bon signe. On pourrait penser que Bob Gainey utilisera Jaroslav Halak à la moindre défaillance de Price mais Bob a une nette préférence pour le beau Carey. Halak a sauvé la saison du Canadien avec trois séries de victoires en relève à un Price «indisposé» mais on l’ignore malgré tout. C’est sûr que c’est plus «rentable» de faire jouer un premier choix qu’un obscur choix de 9e ronde mais quand même…
Avantage Boston
-En défensive:
Les Bruins ont alloué seulement 196 buts cette saison, ce qui leur donne la meilleure défensive dans la LNH. Zdeno Chara y est évidemment pour quelque chose, il a connu une grosse saison avec 19 buts, 31 passes et un beau +23. Par le passé, le géant en arrachait contre le CH mais cette année il a accumulé 6 points en 6 matches avec une fiche de +4 contre l’ennemi. Dennis Wideman (13 B, 37 P, +32) est l’autre défenseur offensif du Boston, il complémente bien Chara sur l’avantage numérique. Les autres défenseurs sont plus défensifs mais les Aaron Ward et Steve Montador sont de bons vétérans robustes et on dit du bien du jeune Matt Hunwick. Une bonne brigade bien équilibrée et sans trop de faiblesses. Chara, Ward et Montador vont assurer tenter de brasser les joueurs du Tricolore le plus souvent possible, ce qui est toujours une bonne idée. Quand le CH a surpris les Bruins en 2002 en 2004, on parlait des petits attaquants montréalais qui pouvaient tourbilloner autour des lents défenseurs du Boston, ce ne sera pas le cas cette fois-ci.
Le Canadien a accordé 246 buts, 50 de plus que ses adversaires. On parle ici d’une différence substantielle et assez inquiétante. En plus la présence d’Andrei Markov est très incertaine en ce moment, ce qui n’est pas rassurant non plus. Si le CH affronte les Bruins avec Mathieu Schneider, Mike Komisarek, Roman Hamrlik et Josh Gorges comme Top 4, ce sera ardu. Schneider joue étonnamment bien, on lui donnera une chance. Komisarek a connu une saison difficile et comme il est le seul joueur du Canadien à combiner robustesse et talent, il se fera frapper sans cesse. Hamrlik est correct mais on l’a trouvé pas mal lent cette saison, il ressemble parfois à un Stéphane Quintal sur ses derniers milles. Josh Gorges est un peu notre mal-aimé, tout le monde en dit du bien mais on le trouve médiocre. Les 5e et 6e défenseurs seront choisis parmi Yannick Weber, Patrice Brisebois, Mathieu Dandenault et Ryan O’Byrne. Notre choix: n’importe qui sauf O’Byrne. Si Markov joue, les données seront évidemment très différentes. Malgré sa fiche de -2, le taciturne russe a amassé 12 buts et 52 passes en saison régulière. C’est sérieusement très bon. Markov peut former un excellent duo avec Schneider ou Komisarek et il enlève beaucoup de pression sur ses collègues. Côté désavantage numérique, les deux équipes sont égales à 82.4% ce qui leur confère les 12e (CH) et 13e rangs (Bruins) de la ligue.
Si Markov joue, Avantage Boston.
Si Markov ne joue pas, Gros Avantage Boston.
-En attaque:
Les Bruins possèdent la deuxième meilleure offensive du circuit avec 274 buts. À part Marc Savard (25-63-88), personne n’a de un point par match chez les Bs mais plusieurs joueurs ont connu de bonnes saisons. Phil Kessel a marqué 36 buts, David Krejci a amassé 73 points et notre ancien ami Michael Ryder a scoré 27 fois. Un joueur à surveiller: la recrue Blake Wheeler a marqué 21 buts et il nous impressionne. Patrice Bergeron a connu des difficultés avec 8 buts et 31 passes en 64 matches, sûrement des contrecoups de sa grave blessure de l’an dernier. Il pourrait choisir de se réveiller devant le public québécois. Shawn Thornton aura le mandat de brasser la cage du CH, il l’a déjà fait avec succès par le passé.
Le visage de l’attaque du Canadien a passablement changé depuis que Bob Gainey a réuni Koivu, Kovalev et Tanguay sur le même trio. Ils ont obtenu 32 points lors de 10 derniers matches, Kovalev sauvant sa saison en se rendant finalement à un respectable total de 26 buts. Ce trio a bien fait et aura toute la pression sur ses épaules. Le talent est là mais Kovalev et Koivu ont tendance à se brouiller à la moindre embûche. Le trio Latendresse-Lapierre-Kostopoulos devient le deuxième trio par défaut, ces messieurs pourraient jouer le rôle que Kosto, Smoliniski et Bégin ont joué lors des dernières séries. On aime le développement de Lapierre et Latendresse, ils peuvent effectuer du bon échec-avant et la mettre dedans quand l’occasion se présente. Un trio fait pour les séries. Après ces deux trios, on nage dans l’inconnu. Tomas Plekanec a connu un saison difficile (20-19-39) et il sera apparemment flanqué d’Andrei Kostitsyn et Matt D’Agostini, deux joueurs inconstants. Difficile d’estimer ce qu’ils donneront à l’équipe. Pour ce qui est du 4e trio, on présume que Chris Higgins et Glen Metropolit en feront partie, possiblement accompagnés de Georges Laraque ou Gregory Stewart. Le gros Georges a été absolument inutile cette saison, on présume que Bob voudra rentabiliser un peu son investissement en l’utilisant en séries. Si tu signes un goon et que tu ne l’utilises pas en séries contre Boston, aussi bien le libérer tout de suite.
Les Bruins excellent en avantage numérique, occupant le 4e rang de la LNH avec un pourcentage de 23.6. Le 19.3 du Ch leur confère le 13e rang mais tout baigne dans l'huile suite depuis l’arrivée de Schneider. Les deux équipes ont intérêt à être disciplinées, les attaques massives feront des dommages.
Avantage Bruins
-Derrière le banc:
Plus le temps avance, plus il devient évident que Bob Gainey n’aurait jamais dû congédier Claude Julien. Le gars s’avère être un excellent coach, un gars pondéré qui va finir par se accéder aux grands honneurs. Les Bruins sont talentueux mais ils sont aussi bien dirigés et disciplinés. Nice job, Claude.
Bob Gainey est difficile à suivre depuis qu’il est revenu diriger le CH. Il a souvent utilisé ses gardiens de façon en apparence illogique, en plus d’utiliser Ryan O’Byrne beaucoup trop souvent. Il a peut-être des surprises dans son sac à malice mais à date il ne nous impressionne pas.
Avantage Bruins
-Les impondérables:
On pense souvent robustesse quand on pense aux Bruins mais cette saison ils font partie des équipes les moins pénalisées de la LNH. Ils ont tenté d’intimider le CH jeudi dernier, avec un succès mitigé. Dans le cadre d’une série d’au moins quatre matches, ils devraient être en mesure d’avoir l’avantage «physique» au moins à la longue. Ils ont quelques joueurs qui allient talent et robustesse (Chara, Kobasew, Lucic) tandis que le CH ne compte que Komisarek qui peut brasser la cage et jouer au hockey comme il faut. Le trio de Lapierre devrait pouvoir brasser un peu, il pourrait être la carte cachée du Tricolore.
L’an dernier à pareille date, on écrivait que le Canadien aurait aimé mieux affronter une autre équipe que Boston car «contre les Bruins, il y aura de l'émotion et quand t'es favori c'est pas la chose que tu recherches.» Les rôles sont évidemment inversés cette saison et vous pouvez être sûrs que les Nounours auraient préféré affronter les Panthers dans l’indifférence générale. C’est sûr que les journalistes vont leur rappeler des souvenirs de 2002 et 2004, années où des Bruins lourdement favoris avaient été éliminés en première ronde par le CH. En plus, la foule du Centre Bell est intimidante et si la série revient à Montréal égale 1-1, watch out…
Aucun avantage
-La prédiction:
Ça regarde bien mal pour le CH. C’est sûr qu’une vague d’émotion pourrait emporter les troupes de Bob Gainey vers une sorte de transe d’excellence mais ça nous étonnerait. Les joueurs du Canadien ont l’air d’avoir hâte à la saison de golf ou, dans le cas des nombreux agents libres, de colisser leur camp de Montréal. De plus, les Bruins sont dus pour gagner une série contre le CH et ils ont l'avantage à presque tous les points de vue. Profitez bien de cette série, ça achève.
Bruins en 5.