Karin Zeitvogel
La liquidation du Watergate attire des milliers de personnes à Washington, où l'hôtel du nom du plus grand scandale politique américain met en vente toutes ses reliques avant rénovation.
«Je ne pense pas qu'il y ait jamais eu autant de publicité pour la liquidation d'un hôtel», reconnaît Klaus Peters, gérant du Watergate situé dans le centre de la capitale fédérale.
«Je peux même dire que nous n'avons pas connu une telle attention médiatique depuis le scandale. Mais cette fois-ci, c'est pour la bonne cause», ajoute-t-il.
Une file de plusieurs centaines de personnes se pressait dès le matin pour cette vente qui doit durer autant de jours qu'il le faudra pour une «liquidation totale» avant rénovation.
En juin 1972, des cambrioleurs avaient pénétré dans un bureau du Parti démocrate, logé dans le même complexe qui abrite l'hôtel Watergate, conduisant au plus grand scandale politique du pays et à la démission du président Nixon.
Les prix des objets vendus vont de un dollar la soucoupe à 12 000 dollars pour une huile accrochée dans le hall. Et tout doit être vendu!
Depuis, les scandales politiques aux États-Unis sont systématiquement rebaptisés du suffixe «--gate» tel l'Irangate, lorsque certains membres de l'administration Reagan furent impliqués dans un trafic d'armes avec l'Iran ou encore le Monicagate, lorsque Bill Clinton fut mis en cause pour une liaison avec une stagiaire de la Maison Blanche, Monica Lewinsky.
«Tout le monde est excité à l'idée que c'est la vente du Watergate», reconnaît Greg Hall de l'entreprise National Content Liquidators (NCL) qui officie à la liquidation.
«Mais l'hôtel lui-même n'est pas la vedette. Même si les cambrioleurs ont dormi dans les chambres 214 et 314, tout s'est passé de l'autre côté», dans le bâtiment de bureaux, précise-t-il à l'AFP.
Les acheteurs s'avèrent bien davantage attirés par les bonnes affaires que par les reliques historiques.
«Le fait que c'est le Watergate et que quelque chose s'y est passé il y a plus de trente ans, merci, mais je n'en ai rien à faire», lâche Bill, de Silver Spring dans la banlieue de Washington, bien plus intéressé par un plateau d'argenterie mis à prix 10 dollars.
«Je suis venu pour faire des affaires», résume-t-il.
Sabina Fogle convoite deux douzaines d'assiettes fleuries Villeroy et Boch et autant de bols à 5 dollars pièce. «Watergate ? Cela n'a aucune importance», confie-t-elle.
«On vient de s'acheter une maison et on cherche à la meubler. Je savais que je trouverai ici des choses de qualité», explique-t-elle alors que son fiancé est au téléphone ordonnant à un ami de retirer 5000 dollars à la banque pour les lui apporter en liquide.
En fait, il est même assez difficile de trouver quelque chose qui date de l'époque du scandale. «La plupart des hôtels sont rénovés tous les cinq ans à peu près. La seule chose qui remonte à l'ère de Nixon c'est le comptoir du Crescent Bar», précise Donald Hayes de NCL.
«Et pour être honnête, si j'avais vu quelque chose datant de cette époque, je l'aurais réservé pour moi», plaisante-t-il.
Les prix vont de un dollar la soucoupe à 12 000 dollars pour une huile accrochée dans le hall.
«On commence la vente par les étages supérieurs et on descend», explique Greg Hall qui précise que les paiements ne peuvent se faire qu'en argent liquide.
AFP