Christian Estrosi, qu'on surnomme autrement dans les Alpes-Maritimes (il est maire de Nice) et pas parce que c'est un amoureux de la motocyclette, a préparé un projet de loi, à la demande de Nicolas Sarkozy, pour durcir la législation sur les délits commis par des bandes : trois ans de prison, 45 000 euros d'amende etc. le tout pour sanctionner les intrusions dans établissements scolaires, l'accompagnement d'un homme armé d'un pistolet ou d'un chien…l'arsenal répressif existant n'était visiblement pas adapté à la théorie du gouvernement actuel visant à accentuer la répression et surtout à faire voter à une loi dès qu'il y a un problème.
Le problème, c'est donc la bande. Pas la bande de copains, la bande de délinquants qui, en plus, agit avec des cagoules. Donc, on va plus réprimer la bande et interdire le port de la cagoule lors des manifestations des « black bloks » la nouvelle version des autonomes, ceux qui rappellent ce que disait Coluche : « La société ne veut pas de nous, ça tombe bien, on ne veut de la société. »
Le drame, avec ce gouvernement, c'est qu'il légifère à tout bout de champ et que les magistrats ont bien du mal à s'y reconnaître dans un dédale de sanctions sans cesse évolutives. Ils le disent tous : le gouvernement n'a pas de politique pénale à long terme, il gère au jour le jour, réagissant à l'émotion populaire, aux drames quotidiens, le président s'étant fait le spécialiste du bureau compassionnel où les victimes peuvent venir s'épancher. Et dans ce dédale de peines anciennes et de nouvelles peines, Dalloz y perd son latin mais fait le bonheur des imprimeurs.
Un Président de la République digne de ce nom doit évidemment partager la douleur des familles dans la peine sans en faire un moyen de communication ou un système d'images. Mais Nicolas Sarkozy ne veut pas déléguer à un ministre, partager avec un préfet, faire confiance à un conseiller. Il préfère un problème, une loi, un problème, une loi…sans sortir, parfois, les décrets d'application qui rendent mort nées des lois surtout verbales ! D'ici à ce qu'il n'y ait pas assez de députés dans l'hémicycle pour voter la loi Estrosi…