Honteux
Lundi 6 avril, certains à droite ont éructé contre le discours de Dakar de Ségolène Royal (« pardon pour ces paroles humiliantes et qui n’auraient jamais dû être prononcées et qui n’engagent ni la France, ni les Français »). On imagine Nicolas Sarkozy s’étouffant devant cet affront suprême. Frédéric Lefebvre a critiqué "ses sorties iconoclastes" ; un député UMP l’a qualifiée de "femme de ménage". Jean-François Copé s’est dit écoeuré. Fillon lui a demandé "un peu plus de retenue et un peu plus de dignité". Pour les dirigeants de Sarkofrance, Ségolène Royal a commis un crime de lèse-majesté. Elle attaque sur le terrain des valeurs. Mais qui fait honte à la France en Afrique ? Vendredi, Nicolas Sarkozy a félicité "chaleureusement" le président algérien Bouteflika pour sa réélection triomphale, 90,24 % des suffrages exprimés et un taux de participation record de 74,54 %. L’Algérie n’est pas une démocratie paisible (pardonnez cet euphémisme). Les opposants y ont dénoncé une large fraude électorale. L’administration Obama a déclaré son inquiétude quant aux accusations de d’irrégularités. Le président français n’en a cure. La France est plus que jamais un paradis fiscal pour présidents africains. Il y a une dizaine de jours, le parquet de Paris a estimé que les soupçons sur l’orgine des fonds ayant permis à trois dirigeants africains d’avoir acquis de substantiels biens immobiliers en France ne méritaient pas davantage d’enquête. A en croire les associations humanitaires qui s’étaient portées parties civiles, la fortune d’Omar Bongo, de Denis Sassou Nguesso, de Teodoro Obiang Nguema, d’Eduardo Dos Santos et de Blaise Compaoré en Europe est pourtant exemplaire !
Protégé
Le chef de l’Etat semble comprendre les critiques exprimées contre le dispositif policier qui accompagne désormais chacun de ses déplacements : il aurait demandé à son équipe d’alléger la présence policière ou de la rendre plus discrète... Il serait temps. A-t-il le choix ? Il évite tout contact avec des citoyens non identifiés : tous ses meetings, gentiment filmés par des caméras complaisantes (on ne va pas se laisser piéger comme à France 3 !) se tiennent devant des assemblées dociles de militants UMP, les parcours sont fléchés, le terrain nettoyé. Le président et ses ministres évitent les salons publics, les salariés en colère, les trublions de toutes sortes. Mardi à Venelles, des manifestants l’attendaient, salariés de la centrale thermique de Gardanne ou d’entreprises de la région en difficulté (Atmel, STMicroelectronics, UNM...), étudiants et lycéens et syndicalistes. Il a préféré rencontrer quelques militants UMP, sa "famille" comme il l’a dit surplace. Nicolas 1er n’est plus Napoléon. Il est devenu Louis XVI. Un monarque séquestré dans sa réalité et ses certitudes.
Séquestré
Mardi 7 avril, Nicolas Sarkozy a aussi fustigé les séquestrations de patrons et cadres dirigeants. Il fut néanmoins l’un des premiers à abuser de boucs-émissaires pour justifier les difficultés du pays. Il fut l’un des derniers à prendre les mesures adéquates. Nicolas Sarkozy est tel un efficace chauffeur de salle qui s’étonnerait ensuite de l’impatience des spectateurs. La virulance sociale frappe les esprits et la société. Les futurs chômeurs retiennent les exécutants de la puissance actionnariale pour améliorer leurs indemnités de licenciement. Dominique de Villepin s’en inquiète. Le pacte social est chaque jour un peu plus rompu. Mardi, Sarkozy s’est indigné des séquestrations : "Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’aller séquestrer les gens ? On est dans un Etat de droit, je ne laisserai pas faire les choses comme ça". Qu’est-ce que c’est que cette histoire de ne pas tenir ses promesses ? Malheureusement pour lui, le Parlement a durci le "petit" décret du gouvernement qui limitait l’interdiction de stock-options et de bonus aux 6 banques, aux constructeurs automobiles et aux entreprises publiques. Dans le deuxième collectif budgétaire de 2009 adopté cette semaine, le Parlement a repris un amendement qui élargi ces restrictions à tous les sous-traitants de l’automobile et aux entreprises aidées par le Fonds stratégique d’investissement.
Copié
Eric Besson a fait parler de lui cette semaine. Le ministre de l’identité nationale n’avait aucune actualité particulière, si ce n’est sa participation à un débat organisé par le maire socialiste Manuel Valls lundi soir. Eric Besson tient bon sur ses mensonges. La loi n’aurait jamais permis de condamner un bénévole qui aide un sans-papier en détresse. Les "aidants" seraient protégés par un article du code d’entrée et de séjour des étrangers en France, le L622-4, qui "dit très expressément que l’article L622-1 ne s’applique pas à celles et ceux qui aident une personne en détresse". Les cas de harcèlements contre des "aidants" depuis sa nomination sont nombreux. La lettre de mission du ministre, signée par Sarkozy et Fillon, lui fixe à 5 000 le nombre d’interpellations "pour des faits d’aide illicite à l’entrée et au séjour d’immigrés en situation irrégulière". Mercredi, il aurait pu satisfaire son objectif de l’année en une seule prise : 5 500 "aidants" se sont accusés symboliquement de "délit de solidarité". Le même jour, la commission des lois de l’Assemblée Nationale a rejeté la proposition socialiste de "dépénaliser toute aide (entrée, séjour, transit) lorsque la sauvegarde de la vie ou l’intégrité physique de l’étranger est en jeu sauf si cette aide a donné lieu à une contrepartie directe ou indirecte". Jusqu’où s’arrêtera l’hypocrisie ?
l’appel d’offre" relatif à l’aide aux étrangers en centres de rétention (CRA) : 6 associations se répartissent désormais les 8 zones géographiques définis par le ministère ; et chacune devra respecter un « devoir de neutralité et de confidentialité ». Une belle façon de démanteler l’accompagnement des sans-papiers, et de fragiliser les témoins gênants. Eric Besson copie son nouveau maître. Vendredi, le ministère de l’identité nationale a publié les résultats de "
Piraté
Jeudi 9 avril, l’Assemblée Nationale a livré un spectacle ridicule. Des députés socialistes cachés derrière les rideaux rouges des couloirs du Palais Bourbon pour échapper à la vigilance de quelques rares UMPistes qui fouillaient jusque dans les toilettes du parlement ; un hémicycle désert à 95% pour rejetter une loi Hadopi qui stresse certains internautes en mal de gratuité culturelle sur leur réseau haut-débit. Belle Sarkofrance ! Le président fulmine. Son équipe est décidément inconséquente au point de rater le vote de sa loi qui devait réconcilier la droite avec les artistes. Le président n’a pas de chance. On a exhumé des propos tout aussi inconséquents de son épouse Carla Bruni, en 2004 sur France 2 : “J’ai grand plaisir à être téléportée, j’ai grand plaisir à être copiée, j’ai grand plaisir à être piratée, car au fond, quand on est piraté, c’est que l’on intéresse des gens”. Jean-François Copé, le patron des députés UMP, a laissé la gauche piraté la loi anti-piratage du président.
Menteur
Vendredi 10 avril, le chef de l’Etat recevait des représentants du secteur bancaire : "Les banques françaises ont été exemplaires et ont anticipé les décisions du G20 dans la mise en œuvre des dispositions concernant la rémunération des traders". On cherche encore l’exemplarité : l’ancien directeur financier de Natixis (9 mois de présence) empocherait 1,3 millions d’euros de primes de départ. Natixis est cette filiale des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne, dirigée depuis peu par François Pérol, qui a perdu 2,8 milliards d’euros en 2008. Le ménage reste a faire... Pire, les beaux engagements du G20 contre les paradis fiscaux, l’un des chevaux de bataille du président français, se révèlent être une belle fumisterie : la liste noire a été vidée de la quasi-totalité de ces havres de paix pour riches fortunées et fraudeurs professionnels. Cette semaine, les trois derniers pays y figurant, les Philippines, la Malaisie et le Costa Rica, en ont tous été retirés. La réalité du secret bancaire dans ces pays a-t-elle changé ? Non. Des sanctions ont-elles été définies ? Pas davantage...
Reposé
Sarkozy s’est surtout reposé. On ne sait plus à quoi il occupe ses journées. Cette semaine, on a pu le voir à un concert de Bob Dylan mardi, puis de Julien Doré, mercredi soir, et un match de football (jeudi soir). Le voici qui est rapidement parti au Cap Nègre pour le week-end de Pâques très prolongé (de vendredi soir à ... mardi matin !). La semaine prochaine, son agenda est vide de jeudi à dimanche. Sarkozy ne travaille pas, il profite.
N’avez-vous pas honte ?
Ami Sarkozyste, où es-tu ?
Juan de Sarkofrance