La pianiste Véronique Lautard-Chevtchenko, très peu connue en France, est de ces femmes au destin surprenant qui ont décidé de vivre en Union Soviétique par amour. Mais à la fin des années 30, la vie en URSS est dure, la suspicion du Parti omniprésente et son mari Vladimir Chevtchenko est alors arrêté et fusillé (en 1941). Véronique, Véra pour les Russes, est, quant à elle, envoyée dans un camp à Sakhaline puis à Sevuralag. Elle avait fait de sa passion, le piano, sa profession, et continua de pratiquer son art, malgré ses mains déformées par le travail, sur un clavier muet qu'elle avait taillé dans le bois de sa couchette. Pendant treize ans, elle "joue" ainsi du Bach, Beethoven, Debussy, … Son premier jour de liberté à Nijniï Taguil est consacré à la recherche d'un piano, qu'elle trouve à l'école de musique.
En 1965, un article de la Komsomolskaïa Pravda change sa vie : l'académicien Mikhaïl Lavrentiev, fondateur de la branche sibérienne de l'Académie des Sciences d'URSS l'invite à travailler à Akademgorodok, près de Novossibirsk. Dans son petit deux-pièces, où se pressent ses admirateurs, elle joue sans relâche sur un piano à queue. Elle enchaîne les tournées, à Moscou, Leningrad, Odessa, Novossibirsk, Kiev, … Elle refuse de rentrer en France, malgré les nombreuses propositions, pour ne pas "trahir la mémoire des femmes russes qui [l]'ont aidée à survivre à l'enfer de la réclusion." Vera Lautard-Chevtchenko s'éteint en 1981, ne laissant que sept morceaux enregistrés.
En 2006 un concours international de piano portant son nom est organisé de Novossibirsk. Les lauréats de ce concours seront en représentation gratuite les 18 et 19 septembre à 20h30 à la salle Cortot (78 rue Cardinet Paris 17e, programme en pièce jointe), mais aussi à Pau le jeudi 20 septembre (Théâtre St Louis) et à Bordeaux le vendredi 21 septembre (Maison cantonale de La Bastide). La prochaine édition du concours Véra Lautard-Chevtchenko aura lieu a Novossibirsk du 1er au 14 décembre 2008.
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