Freenet, le cauchemar est de retour
En 1999 trois étudiants américains lancent une idée pas comme les autres. Rendre Internet libre et sans frontière. Cela existait déjà ! Mais pas sous la forme qu'ont décidé les auteurs de Freenet, un réseau dans le réseau qu'eux-mêmes ne peuvent plus maîtriser. Avec la loi DADvSI, le P2P va mourir en France renforçant du même coup une alternative qui n'a pas fini de provoquer des cauchemars au gouvernement.
1999, trois jeunes étudiants de Los Angeles, Ian Clarke, Oskar Sandberg et Scott Miller décident de se lancer dans l'aventure de l'Internet, de leur Internet. Pour cela ils créaient un logiciel d'à peine 500 k gentiment prénommé Freenet, l'Internet libre. Ce programme, en open source, est mis en ligne et offert à la communauté des développeurs. Freenet a pour unique but d'être un "partageur d'informations", un mode peer-to-peer entre vous et d'autres internautes. La différence est qu'avec Freenet il n'existe aucune structure centrale comme sur le web, un Napster, un Gnutella, un Kazaa, un bit torrent de taille XXL. Les Députés Français ont tué le P2P, Freenet, même si son utilisation n'est pas des plus simple, va revivre de plus belle. L'avantage et l'inconvénient de ce système ? Aucune censure n'est possible. Chaque utilisateur dévie un nœud actif de Freenet, un nouveau disque dur qui contribue à étendre le réseau.
La force de Freenet est justement dans cette idée. Chaque internaute qui installe Freenet sur sa machine devient un maillon de la chaîne. Les informations sont cryptées, jusqu'à 4 096 bits, de quoi refouler le moindre espionnage numérique.
Anonymat, mon amour !
Freenet n'est qu'un petit frère de Kazaa, Rapigator ou autre Gnutella, un petit frère qui dépasse déjà d'au moins de dix têtes ses aînés. Freenet pousse l'idée, et le bouchon, encore plus loin. Si sur KaZAa, BitTorrent et compagnie, tracer un utilisateur est un jeu d'enfant (Voir notre reportage a ce sujet, NDR) sur Freenet, il est impossible de savoir qui fait quoi et qui met quoi sur votre machine. L'anonymat, la vraie est de mise. Comment est-ce possible ? Freenet utilise un système de mémoire cache et de routage intelligent, qui clone automatiquement les informations les plus populaires, les diffusants, de machine en machine. De plus, impossible de retirer un document mis sur Freenet, une machine peut s'éteindre, 100 autres prennent le relais. Il est impossible de savoir, ni de connaître la source d'une information, d'un programme, ... Un vrai casse tête pour les censeurs et les chasseurs de pirates.
Les auteurs ne se cachent pas, d'entrée de jeu, le site officiel donne la couleur : " Le système fournit une infrastructure flexible et puissante, capable de supporter un large domaine d'applications, ce qui inclut : Une dissémination non censurable des informations controversées. Freenet protège la liberté d'expression en permettant la publication anonyme et non censurable de matériaux allant du journalisme alternatif qui émane de la base jusqu'aux révélations interdites comme les divulgations de Peter (Spycatcher) Wright et David Shayler à propos du MI5.
Une distribution efficace des contenus nécessitant une grande bande passante : La création de doublons et la mise en mémoire cache adaptative de Freenet seront utilisées pour distribuer des mises à jour du logiciel Debian Linux et de combattre l'effet Slashdot. Une publication personnelle universelle : Freenet permet à quiconque d'avoir un site web, sans restriction d'espace ou de publicités obligatoires, même si vous n'avez pas d'ordinateur. Freenet est un système ouvert, démocratique, qui ne peut être contrôlé par qui que ce soit, pas même ses créateurs."
Comment ça marche ?
Au premier abord Freenet est aussi attractif qu'un ordinateur sous DOS. Il faut mettre la main à la patte pour comprendre les subtilités du monstre. D'abord il faut savoir qu'un serveur Freenet, le vôtre en l'occurrence, stocke pour chaque fichier identifié, une clef unique sur tous le réseau quels que soient les serveurs qui hébergent physiquement les données associées. Cette adresse ressemble à ceci freenet:zataz.com.
Cette adresse de référence permet de réclamer le fichier en spécifiant sa clef à un serveur quelconque. Après vérification dans sa propre base de données, il renvoie l'information au client. Une sorte de cascade, de machine en machine, afin de relayer l'information et la demande. L'information qui est placée sur votre disque dure ne peut être lue, cette dernière est cryptée, impossible donc pour vous de savoir si on vous propose d'héberger le dernier freeware, logiciel gratuit, à la mode ou une copie pirate d'un produit commercial ou pire encore, une photo à caractère pédophile. C'est ici que là-bas blesse, Freenet est d'un concept génial, enfin l'anonymat peut être mis en valeur, mais le problème est que la grande majorité des utilisateurs de Freenet utilisent cette invention à des fins criminels ou tombant sous le coup de la loi. Copies, MP3 d'albums piratés, révisionnisme, racisme, pédophilies, ... Freenet est une caverne d'Ali Baba qui ne sent pas si bon que ça. "Pour le moment, nous explique un agent du Business Software Alliance (BSA), Freenet ne permet pas de cacher de gros fichiers".
Une fois Freenet installé sur la machine, une page html va s'ouvrir dans votre navigateur maison, cette page est appelée Freenet Gateway. Elle se divise en deux parties. La première, que l'on peut appeler moteur de recherche, vous demande de taper une clé, key, ici pas question de rentrer une phrase du style : " ZATAZ magazine Internet". Il vous est même plutôt conseillé de connaître la clé avant de la taper, sous peine de tomber sur des informations peu sympathiques. Pour cela des moteurs de recherches vous donneront, selon le sujet que vous cherchez, une série de clés qui pourront vous aiguiller dans votre quête.
La seconde partie de la Freenet Gateway est l'outil qui va vous permettre d'insérer vos propres informations dans Freenet. Vous devez d'abord rentrer la clé qui identifiera votre information que vous souhaitez diffuser, puis sélectionner son attribut, qu'est ce qu'il est ? Un fichier html, gif, mp3, pdf, ... Il ne vous reste plus qu'à cliquer et votre fichier appartient à la communauté Freenet.
Avec la future loi sur les droits d'auteurs, la DADvSI, le réseau Freenet risque de reprendre du poil de la bête. Un véritable cauchemar pour les gouvernements, les lobbyistes et chasseurs de pirates. (Première diffusion, juin 2000 - Article mis à jour le 29/10/2002 - 28/03/2006)
FreeWeb
Ce logiciel permet d'insérer des sites web dans Freenet.
Message Board Tools
Il permet d'échanger des messages de façon sécurisée via Freenet.
http://freenet.sourceforge.net
Frost
Un logiciel de partage de fichiers. Il propose aussi une fonctionnalité de messages sécurisés comme celui de MBT.
http://jtcfrost.sourceforge.net/
Sources ZATAZ