"Le mystère des jardins perdus" Anthony Eglin. Roman. Editions de fallois, 2007
Traduit de l'anglais par Isabelle Caron.
Deuxième volet des enquêtes de Lawrence Kingston, le jardinier-détective, « Le mystère des jardins perdus » a pour cadre la région du Somerset où une jeune américaine vient d'hériter de manière inexplicable d'un manoir du XVIIIe siècle.
Entouré de magnifiques jardins qui ont fait sa renommée dans la première moitié du XXe siècle, et qui depuis ont été laissés à l'abandon pendant plusieurs décennies, Wickersham Priory nécessite un effort colossal, tant en bras qu'en argent, afin de retrouver ses fastes d'antan.
La nouvelle propriétaire des lieux, Jamie Gibson, qui a quitté les États-Unis pour les vertes collines du Somerset, est fermement décidée à prendre le taureau par les cornes et à redonner aux jardins leur aspect originel. Elle fait donc appel à Lawrence Kingston, ancien professeur de botanique et directeur de recherches à l'Université d'Edimbourg, qui coule une retraite paisible dans son petit appartement de Chelsea.
L'ampleur de la tâche à accomplir ne va pas rebuter Kingston qui sera chargé de superviser les équipes chargées de redonner vie aux jardins de Wickersham et apportera ses précieuses connaissances dans cette entreprise de restauration.
Le travail s'avère titanesque, les jardins sont recouverts de plusieurs mètres de ronces, les plans originaux ont disparu et il faut avancer mètre par mètre pour distinguer les essences rares, exotiques et précieuses enfouies sous la végétation anarchique qui s'est développée au fil des ans.
C' est sous un immense amas de ronces que, dès les premiers jours, Kingston et son équipe découvrent une chapelle dont la présence était devenue insoupçonnable sous la prolifération des mauvaises herbes. À l'intérieur de celle-ci, un puits. Et dans ce puits, un squelette humain qui semble avoir séjourné ici depuis de nombreuses années. Qui était l'homme dont on vient de retrouver les restes ? Sa mort est-elle la conséquence d'un suicide ou d'un assassinat ?
Mais cette découverte n'est que l'un des nombreux mystères qui planent sur Wickersham Priory. Pourquoi en effet l'ancien propriétaire des lieux, le major Ryder a t-il décidé à sa mort de léguer son domaine à Jamie Gibson, une parfaite inconnue avec qui il n'existe aucun lien de parenté ? Quelle est cette ombre encapuchonnée qui rôde la nuit dans les jardins ? Est-ce le fantôme d'un de ces moines de l'ancien prieuré qui occupait l'emplacement du manoir avant qu' Henry VIII et Thomas Cromwell ne décident en 1536 la dissolution des ordres monastiques dans le royaume d'angleterre ?
Lawrence Kingston va cette fois-ci encore mettre à l'œuvre ses talents de détective afin de percer à jour les mystères des jardins de Wickersham.
Meurtres, trafic d'œuvres d'art remontant à l'époque de la seconde guerre mondiale, passages secrets, souterrains, sont au programme de ce roman-policier très British qui ne cède pas, contrairement aux tendances actuelles du genre, aux tentations de la surenchère d'hémoglobine, aux descriptions sordides de meurtres et de mutilations, et qui nous évite la présence du serial-killer de service.
Anthony Eglin, qui comme son héros est un passionné de jardinage, nous livre ici un polar qui fait plus référence à Agatha Christie qu'à Patricia Cornwell. Il nous gratifie, en plus, de quelques passages sur l'horticulture et l'élaboration des vins californiens qui dénotent une passion et un grand savoir dans ces domaines, digressions qui ne ralentissent en aucune manière le rythme de cette histoire au suspense rondement mené mais qui reste tout de même de facture relativement classique.
Photographie : Martin Brettle