Malgré la polémique inévitable, le député PS de l’Essonne Manuel Valls, a invité l’ancien socialiste Eric Besson à débattre sur le thème de l’immigration, dans sa mairie d’Evry.
Il est satisfait en dépit des manifestants qui ont voulu perturber le débat. Pour celui qui a soutenu Ségolène Royal lors de la présidentielle ils «représentent une gauche un peu triste. Quand on veut empêcher un débat, c’est qu’on est faible dans ses arguments».
Manuel Valls revendique plus que jamais sa liberté et déjà des voix s’élèvent pour le condamner : l’épithète « social-traître » ne tardera pas à lui être attribué.
Après avoir soutenu Michel Rocard dès le début des années 80, puis Lionel Jospin à l’époque de la gauche plurielle (1997-2002), le député-maire socialiste d’Evry (Essonne), 46 ans, affirme dans un entretien au Monde qu’il a «soutenu» Ségolène Royal «parce qu’elle portait le mieux l’idée de la rénovation».
Mais il pense qu’«aujourd’hui, le PS doit être incarné par une nouvelle génération qui porte d’autres idées, d’autres pratiques. En 2012, une nouvelle génération doit incarner ce changement. Interrogé sur ses ambitions personnelles, il répond: «La présidentielle, c’est une question de destin et de circonstances. Il ne faut jamais s’autoproclamer»…
Son constat sur l’état du PS est intelligent : ce dernier «a provisoirement perdu une partie de son hégémonie culturelle faute d’avoir bien appréhendé les grands bouleversements du monde depuis 30 ans. L’antisarkozysme forcené voudrait masquer ce déficit idéologique».
Face à Sarkozy il ambitionne une gauche lui opposant « une conception apaisée de l’exercice du pouvoir». Enfin, questionné sur les propos de Martine Aubry regrettant Jacques Chirac, il juge que «regretter Chirac, c’est nier le fort besoin de changement qui s’est exprimé durant la campagne présidentielle de 2007».
Ce positionnement de plus en plus évident du Maire d’Evry, en marge et moderne, est très intéressant, mais il n’est pas certain que le PS en perçoive tout le potentiel d’avenir qu’il comporte. Les vieux réflexes défensifs risquent bien d’être les plus forts, alors que cette nouvelle approche de la politique est certainement plus porteuse que les raidissements de posture.
Obama, expliquant sa campagne, comparait celle-ci à « un écran blanc » sur lequel chacune, chacun, pouvait « projeter » ses propres désirs … Cet « écran blanc » l’emporta ! Manuel Valls semble avoir bien méditer cette victoire de la « gauche » américaine. Il est loin d’être certain que ses amis aient fait de même.
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