Nouvelles Mobilités, on ne bouge plus !

Publié le 14 avril 2009 par Quotidiendurable

Cet article a été rédigé pour EcoloInfo.
En Europe, le transport de personnes représente environ 15% de la dépense énergétique et 12% des émissions de Co2, pas étonnant qu'il soit au coeur de tous les agenda 21, entreprises et collectivités confondues.

On imagine des choses fantastiques! On redessine les réseaux de transport en commun pour mieux coller aux besoins des populations, on met des vélos ou des voitures à dispositions des salariés, on développe des services de covoiturage. On réfléchit même à la multimodalité parfaite entre tous ses services!

Et quand on rêve.... on voit le tout avec un service express, 24/7, grâce au téléphone mobile dernière génération et au fonctionnalité de GPS intégré.

On en rêve, et je vous assure qu'on va le faire ! Les bus et les voitures seront tous 100% remplis !

Le grand absent des politiques de transports reste l'immobilité.

Pas l'immobilisme synonyme de conservatisme, de refus du changement, mais l'immobilité synonyme d'énergie consacrée à faire autre chose que se déplacer.

Un conseiller de Climat Mundi m'a récemment indiqué que d'après son estimation l'activité professionnelle des 7 membres d'Ecolutis avait un impact inférieur à la moyenne nationale d'une personne travaillant dans une société de service...

Quand un prospect ou un client me demande de venir le voir, j'essaie toujours de lui expliquer pourquoi je n'ai pas envie, et je le fais en ces termes.
  • Un déplacement, c'est de la fatigue.
  • Un déplacement, c'est de l'argent.
  • Un déplacement c'est un impact écologique important.
  • Un déplacement c'est du temps en moins à travailler sur son projet.

Bien sûr tout le monde n'est pas toujours très réceptif et il m'arrive de me déplacer quand même. Un jour, j'ai même pris l'avion... si si ! Mais dans 80% des cas mes interlocuteurs comprennent et reçoivent l'argument. Il nous est ainsi arrivé de traiter un dossier du début à la fin, négociation comprise, sans jamais rencontrer physiquement nos interlocuteurs. Il s'agissait pourtant d'une équipe importante au sein d'un grand groupe multinational.

La communication est-elle moins bien passée? pas du tout. Les relations sont elles moins cordiales ? Aucunement. Le travail est-il moins bien fait, certainement pas.

Et qu'en est-il du quotidien au sein de notre entreprise?

Ceux qui habitent près du bureau viennent au bureau et les autres travaillent de chez eux quand ils le souhaitent. Je pense que nous sommes tous très content de cette situation.

  • En mode télétravail, les 10 minutes passées à repasser sa chemise pour qu'elle soit nickel, se transforme en temps perso en famille.
  • En mode télétravail, les 30 minutes passées dans les transports le matin, se transforme en lecture de mail et veille technologique en buvant son deuxième café bien chaud.
  • En mode télétravail on est jamais déprimé à la vision de son collègue du 5ème qui nous saoule à la machine à café et qui se fout de nous car notre chemise est mal repassée.
  • En mode télétravail la pause déjeuner de 30 minutes dont 20 passées à descendre acheter un sandwich en plastique se transforme en une belle salade, ou en un plat mijoté restant de la veille ET d'une sieste express de 10 minutes. Vous savez celle dont tout le monde rêve en s'imaginant convaincre son boss d'installer une salle de relaxation dans les bureaux ?
  • En mode télétravail, quand les neurones sont à plat, on se sent pas obligé de faire des heures pour rien. Le deal avec le patron c'est que le travail soit fait dans les temps.

Office Pod - Un bureau dans son jardin

Et du coté du chef d'entreprise ?

  • En mode télétravail, il y a plein d'avantages pour le salarié et donc c'est plaisir.
  • En mode télétravail, on a moins de locaux et ça compte.
  • En mode télétravail, les réunions physiques servent à discuter de sujet de fond: l'organisation, la stratégie, l'avenir. Ou à se détendre. Bref, quand on se voit, on se fédère!
  • En mode télétravail, on ne me dit pas: "désolé demain j'arriverai tard, je me fais livrer ma télé par Darty entre 8h et 14h...."
  • En mode télétravail on ne se demande plus si notre équipe bosse en passant devant les bureaux. On fait des points réguliers pour savoir ou on en est et comment ça avance.

En Finlande, 50% des entreprises pratiquent le télétravail. En France, ça commence à bouger avec un projet de loi en cours.

Mais on dirait qu'il y a encore du chemin à faire (à pied s'il vous plait...) Dans un récent numéro du magazine courrier cadre, un article était consacré à l'aménagement du temps de travail. Les consultants en coaching stratégique pluridisciplinaire (ndlr non, ce n'est pas leur vrai nom) y écrivait un truc du genre "attention si vous arrivez tôt votre équipe pourrait croire que vous lui mettez la pression". Ou encore un gars disait "Je bossais de 6h à 14h c'était le deal avec mon chef, mais la RH n'était pas au courant et m'a demandé si j'étais embauché à mi-temps lors de mon entretien annuel".

Attention donc à ne pas abuser indiquait le journaliste !

Pourtant il suffit de lever un peu le nez pour se rendre compte que les exemples cités sont dus à des problèmes de communication et non à des problèmes d'aménagement d'horaires....

Etre 100% business tout en étant 100% campagne, c'est d'ailleurs le thème favoris de Xavier de Mazenod qui édite le blog Zevillage.net et qui a réussi à rédynamiser des bourgs en y faisant venir des télétravailleurs....

Et ça fait aussi des heureux....