Il s’appelle Bo, le chien présidentiel tant attendu est arrivé officiellement chez les Obama hier. Sur le blog de la Maison Blanche, on peut lire le message In case anybody is wondering, Bo is a boy. Par la tournure de cette phrase, on dirait même c’est Obama lui-même qui écrit ça.
Rappelons que cette histoire de chien est une promesse électorale qu’Obama a faite à ses filles. Depuis son élection, Obama a toujours gradé l’Amérique informée.
Dès sa première conférence de presse. Obama avait alors confié en plaisantant que l’une de ses principales préoccupations était désormais d’offrir un chien à ses deux filles. Ensuite, lors d’une interview à ABC, Obama avait expliqué que la recherche du chien avait été « plus difficile que de trouver un secrétaire au Commerce ». Si vous étiez trop occupé durant ce congé pascal et n’aviez encore vu aucune image de Bo. Bien, voilà!
En somme, une photo bien banale qui aurait pu être prise par n’importe qui à l’aide d’un cellulaire. Une scène circonstancielle où une famille se réunit autour d’un nouvel animal, objet du désir des enfants. La famille présidentielle au grand complet : Papa le président, Maman la First Lady, deux filles adorables et maintenant un animal d’affection… il y a aussi cette personne voilée par Michelle Obama.
L’engouement que notre époque a pour les émissions télé-vérité trouve tout son sens depuis l’ascension de Barack Obama. Dans la cas des Obama, bien entendu, on parle de la transparence en communication et non du voyeurisme populaire. La mise en parallèle de ce phénomène social est facilement explicable par l’incursion en direct du public, par entremis de la télévision ou d’Internet, à la vie privée du président des États-Unis qui était, auparavant, beaucoup moins accessible et exposée.
Avant la télé et la photographie, la peinture était longtemps le médium par lequel des artistes nous livrent des scènes, autrement inaccessibles au public. Du point de vue formel de l’imagerie, il s’agit simplement de la représentation des espaces picturaux organisés pour livrer des témoignages tantôt intimes, tantôt historiques, bibliques ou autres.
Voyez-vous cette bulle d’espace que forme les Obama? Une brèche entre Michelle Obama et sa fille aînée nous permet d’assister à cette scène privilégiée. On appelle ce type d’image une scène de genre au 18e siècle. Ici, personne ne nous regarde. Nous assistons par entremise de cette photo à un moment de vie, privée, des Obama.
Voici maintenant un portrait de la famille royale française commandé par Marie-Antoinette dans le but d’améliorer son image de dépensière et d’insouciante auprès de la population parisienne de son époque : « Marie-Antoinette de Lorraine Habsbourg, reine de France et ses enfants ». La reine n’était pas aimée. Elle est représentée sans bijou au cou, entourée de ses enfants, dont sa fille aînée qui enlace son bras en signe d’amour et d’affection. De nos jours, on parlerait d’une compagne de pub pour renforcer l’image publique de mère de la reine.
Dans la version originale du portrait, un 4e enfant était présent. Le nouveau-né, a été effacé après son décès par l’artiste pour ne pas attrister davantage la reine en voyant ce portrait de famille, laissant ainsi la crèche vide.
Maintenant, voulez-vous savoir qui a pris cette photo des Obama?
- Erreur! Ce n’est pas la Belle-Mère de Barack Obama.
Il s’agit d’une photo de Pete Souza, un professionnel, photographe de la Maison Blanche… que l’on peut appeler le photographie présidentiel comme jadis des peintres du Roi.
Par Élisabeth Louise Vigée-Le Brun, 1789