Magazine Finances
Cet aveu est le titre d’un livre écrit sous le pseudonyme de Crésus par un ancien banquier qui sort demain en librairie. L’Expansion et Marianne publient en avant-première des extraits dans leurs numéros de cette semaine.
Je vous livre quelques passages, édifiants :
"Je suis un parasite de la haute finance, l'un des membres du directoire d'une des plus grandes banques de France. A peine surpayé, j'ai ramassé quelques dizaines de millions d'euros en une quinzaine d'années. Une paille, comparée aux salaires et aux primes des traders que je dirige. Ou plutôt que je dirigeais. Voilà cinq mois, j'ai été écarté des affaires par un président soudain très à cheval sur les règles et le contrôle des risques. "
"Eh bien, quand on m'interroge, je compare les banquiers à des bouchers pas très consciencieux. En fait nous avons fait disparaître les crédits à hauts risques dont nous voulions nous débarrasser en les mélangeant avec des créances de bonne qualité. La fabrication de ce cervelas d'un genre nouveau s'appelle la titrisation. Ensuite, on débite les nouveaux titres en tranches, qu'on vend en engrangeant au passage de belles commissions. [...] Quand les morceaux de viande avariée - en l'occurrence les subprimes - pourrissent et devienne toxiques, ça contamine toute la saucisse, et les acheteurs tombent malades."
"Où étaient les sanctions ? Devions-nous rendre des comptes ? Et à qui d'ailleurs ? A nos conseils d'administration ? Plaisanterie ! A l'Etat ? Une mascarade ! Les « camarades » de l'inspection des Finances ne nous gênaient pas, c'est le moins qu'on puisse dire. Aux médias ? Ils ne posaient pas beaucoup de questions et prenaient nos communiqués les plus effrontés pour argent comptant. Les banquiers du monde entier étaient en train de réaliser en toute impunité le casse du siècle. [...] de Paris à New York, une bande avait accumulé des fortunes invraisemblables."
Un extrait publié dans Marianne raconte la réunion de crise qui a eu lieu début septembre 2008 à la banque en compagnie du Pdg et des cadres dirigeants et la manière dont ils voulaient dissimuler leurs pertes. Après avoir lu cet extrait, nous comprenons mieux pourquoi les banques sont déconnectées de la réalité et des préoccupations de la majorité de la population. Il semble que ces personnes vivent dans un tour d’ivoire où il suffit de manipuler les comptes pour cacher des pertes.
Autre révélation du livre, le délit d’initié qu’aurait réalisé Henry Paulson en informant un investisseur saoudien, probablement un membre de la famille royale, que le gouvernement américain ne soutiendrait pas Lehman Brothers.
Bonne lecture à tous ceux qui veulent connaître le monde de la finance de l’intérieur et apprendre des choses édifiantes sur la manière dont nos banques sont dirigées.
Marie
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 16 avril à 17:35
Poltronnerie d'un ripou buveur de sang.
Qui voulait s’informer sur la saine ambiance régnant dans bien des agences bancaires pouvait lire avec profit, dès 2006, un texte paru chez Calmann-Lévy, dont Lionel Germain, le critique littéraire de Sud-Ouest Dimanche, écrivait le 28 décembre 2008, lors de sa réédition chez Pocket : « Un thriller en plein Bordeaux avec sa cohorte de malfaisants à tous les étages de la hiérarchie policière et justicière, il fallait une certaine audace à André Delauré pour que l'entreprise ne vire pas au grand guignol. Bien avant la crise des subprimes, l'auteur nous révèle les dessous pas très propres des pratiques immobilières. Et grâce à son héroïne, Valérie Lataste, jeune employée d'une banque bordelaise qui va dénouer les fils de ces compromissions, le scénario devient très convainquant. » Il s’agit de « Mortelles connivences (T1. La Banquière – T2. Les sous-traitants), exposant divers faits authentiques. Et là, contrairement au lâche Crésus, l’auteur a le courage de ne pas se cacher derrière un pseudonyme. J’invite ceux qui ne les auraient pas lus à découvrir ces 2 livres passionnants qui d'ailleurs peuvent être téléchargés sur le site Fnac.