« Si l’abeille venait à disparaître, l’homme n’aurait plus que quelques années à vivre ».
Daniel Cohn-Bendit, tête de liste des Verts aux prochaines élections européennes, recycle l’image dans son dernier livre « Que faire ? ».
Il attribue la métaphore à Einstein. C’est paraît-il sujet à caution et il n’est pas sûr que le cher Albert à la langue bien pendue ait effectivement affirmé cela...
Voyons les arguments en faveur de la thèse.
Il n’y aurait donc plus de miel à vendre dans nos échoppes ?
Mais, fussent-ils quelque peu ours, les humains ne vivent pas que de cette pitance sucrée dont ils surent tôt faire de l’hydromel pour oublier leur dure condition.
Les humains disparaîtraient ?
Les Inuits – éminents humains aux traditions fortes et froides - n’ont que faire de la pollinisation.
Peu importe ces arguties me direz-vous. Avec raison.
Certes, les abeilles permettent la reproduction de plus de vingt mille espèces de plantes. Difficile aux bêtes et, partant, aux hommes de se nourrir si une telle reproduction s’arrêtait. La disparition de la petite bestiole qui était sur terre bien avant nous causerait un très grave déséquilibre de la chaîne de la vie. Mais, comme le dit fort justement Dany le Vert, la métaphore d’Einstein nous entraîne au-delà des alertes que les abeilles nous lancent par apiculteurs et chercheurs interposés.
Mettre en réseau les intelligences est une pollinisation aussi incommensurable qu’essentielle. La dissémination du savoir peut allier les chercheurs, les artisans, les ingénieurs et faire que des initiatives individuelles fabriquent du collectif. Encore que, comme le dit Edgar Morin, tout ce qui est compartimenté résiste à la pollinisation ; les idées se répandent comme des pollens, mais ne germent que sur des terrains fertiles.
Jean-Paul Schmitt