Activiste birman exilé en Thaïlande, Htoo Chit a la particularité d’avoir le statut de réfugié politique français. Après
avoir attaqué Total en justice pour des accusations de travail forcé en Birmanie, il a fondé une ONG pour aider les nombreux travailleurs migrants birmans du sud de la Thaïlande
Il a obtenu en 2003 le statut de réfugié politique français. Il était alors le porte-parole de Birmans accusant la compagnie pétrolière française Total,
d’atteintes aux droits de l’Homme pendant la construction du pipeline de Yadana, en Birmanie. "J’ai rencontré beaucoup de personnes ayant été forcées de travailler, lorsque je travaillais le
long de la frontière. J’ai organisé le voyage à Paris de deux plaignants birmans, qui ont présenté à la justice des témoignages de travail forcé, de déplacements forcés et de confiscation des
terres", raconte-t-il. En 2006, les avocats de Total négocieront finalement pour régler l’affaire en versant des compensations financières. Une demi-victoire pour Htoo Chit. "Je n’étais
pas d’accord pour que le règlement se fasse en dehors des tribunaux, mais les plaignants ont accepté cette solution".
Douze ans dans la jungle
Le parcours de Htoo Chit en faveur des droits de l’Homme a débuté il y a vingt ans, lors des manifestations anti-gouvernementales de 1988 en Birmanie. Alors âgé de 24 ans, il
mène les protestations dans son village de l’Etat Kayan, frontalier avec la province thaïlandaise de Mae Hong Son. "J’ai été placé en résidence surveillée pendant six mois. J’ai ensuite
réussi à rejoindre la frontière thaïlandaise fin 1989", explique-t-il. Devenu membre d’un groupe de lutte armée, il passera douze années à se battre dans la jungle contre les militaires
birmans, mais aussi à collecter des preuves des violations des droits de l’Homme dans la région.
En 2000, il crée son ONG, Grassroots Human Rights Education and Development Committee, dans la région de Sangkhlaburi, pour venir en aide aux travailleurs migrants birmans, avec une attention particulière pour l’éducation des enfants. Quatre ans plus tard, il
décide de déménager toute son organisation dans la province de Phang Nga, où beaucoup d’immigrés birmans ont été touchés par le tsunami. L’association, notamment financée par le Comité Catholique
contre la faim et pour le Développement (CCFD), emploie aujourd’hui près de 70 personnes, dont la moitié d’enseignants. Quelque 500 enfants de travailleurs migrants sont pris en charge dans les
écoles qu’elle gère. L’association aide aussi les femmes migrantes et fournit une assistance juridique. Mais le combat est loin d’être terminé pour Htoo Chit. "La crise économique fait qu’il
est plus difficile de récolter des fonds. Et certaines ONG qui étaient arrivées dans la région après le tsunami commencent à se retirer, ce qui risque de poser problème aux migrants, notamment en
terme d’assistance médicale".