Please allow me to introduce "Duch" ....
Aujourd'hui au Cambodge s'ouvre le procès de "Duch", chef tortionnaire de la prison de Tuol Sleng (voir Collatéral du 18 Janvier), comme nous l'explique le Phnom Penh Post.
Ce procès va être intéressant à plus d'un égard.
Comme le titre le PPP dans son édition du 13 Fevrier, "Duch in the dock: symbolic or cathartic"?
Procès historique à Phnom Penh (Video Le Monde)
LEMONDE.FR 17.02.09
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Auto-négationnisme
Dans tout les processus génocidaires, l'auto-négationnisme est parfois un problème plus aigu que le négationnisme classique tel que nous le connaissons avec, par exemple, la cécité volontaire de la Turquie vis à vis du génocide arménien.
Au Cambodge, pour diverses raisons qui seront élaborées sur Collatéral dans les mois à venir, on voudrait oublier ce génocide, on le cache. On veut "enterrer jusqu'à son odeur au plus profond de la terre". C'est ainsi que la génération des 20-30 ans en sait très peu mais en même temps le traumatisme a été d'une intensité telle qu'il est très difficile d'appréhender le modus vivendi du Cambodge.
Un pays ou la beauté et le charme cotoient un passé récent (30 ans) fait d'indicibles horreurs et un présent qui, à certains égards, perpétue des situations de crimes contre l'humanité (voir Collatéral dans les semaines à venir sur la vie de Somaly Mam et son extraordinaire travail dans l'AFESIP)
Détruire la vie, l'éducation et donc le souvenir
Pol Pot, le génocidaire soutenu dans un premier temps par la gauche européenne et des personnalités telles que Jean-Paul Sartre, s'est non seulement attaqué à la vie des cambodgiens, en éliminant près de 2 millions d'entre eux (un quart de la population), mais aussi à détruire l'avenir du pays pour les 50 années suivantes, en supprimant toute forme d'éducation pour ceux qui étaient épargnés.
Résultat aujourd'hui, un système d'éducation en reconstruction et des laissés pour compte par dizaines de milliers, adultes, illettrés et gênés de l'être.
Pol Pot, un maitre de la destruction à très long terme..... Si l'on ne peut pas écrire ou lire, le fait génocidaire disparait d'autant plus vite dans la mémoire collective......
Détail de fonctionnement du tribunal
- Le tribunal. Onze juges cambodgiens et huit magistrats requis par les Nations unies composent, depuis 2006, le Tribunal dit "Chambres extraordinaires au sein des Tribunaux du Cambodge". Le Cambodge avait demandé en 1997 l'aide de l'ONU. L'accord a été conclu, en 2003, pour créer cette juridiction hybride utilisant le khmer, l'anglais et le français. Le processus a connu des retards liés aux nombreuses frictions entre magistrats locaux et étrangers ainsi qu'à des soupçons de corruption.
- Nature des faits jugés. Le Tribunal juge les faits de nature pénale survenus entre le 17 avril 1975 (prise de Phnom Penh par les Khmers rouges) et le 7 janvier 1979 (prise de Phnom Penh par le Vietnam). La peine de mort a été écartée par le tribunal ainsi que toutes compensations financières pour les survivants. Ce processus s'inscrit dans le cadre d'un processus de réconciliation nationale.
- L'acte d'accusation contre Douch. Né le 17 novembre 1942, Douch aurait organisé la mise à mort par torture d'au moins 12 380 personnes identifiées, entre le début de 1976 et la toute fin de 1978. Moins de 200 personnes sont ressorties vivantes de la prison S-21 qu'il dirigeait dans le quartier de Tuol Sleng, à Phnom Penh. Quatre autres dignitaires, Nuon Chea, ex-bras droit de Pol-Pot, Ieng Sary, ex-ministre des affaires étrangères, et son épouse ainsi que l'ancien chef de l'Etat, Khieu Samphan, seront jugés à des dates ultérieures.
- Son arrestation. Douch a été reconnu en 1999 sous les traits d'un auxiliaire humanitaire auprès de réfugiés sur la frontière thaïlandaise. Fait prisonnier, il a reconnu sa responsabilité personnelle tout en impliquant ses deux supérieurs hiérarchiques, Nuon Chea, premier adjoint de Pol Pot, et Son Sen (mort en 1997), chef de la défense et de la sécurité intérieure. (from Le Monde)
En Savoir plus:
Yale University: Cambodian Genocide Program